SOCIETE

16 Jours d’Activismе : Le Cameroun se mobilise contre les violences numériques faites aux femmes

Written by Annette Olinga

La Ministre Marie Thérèse Abena Ondoa a lancé officiellement la campagne 2025, alertant sur l’urgence de protéger les femmes et les filles en ligne

C’est dans une atmosphère à la fois solennelle et résolue que s’est tenu, ce 25 Novembre 2025 à l’Hôtel La Falaise de Yaoundé, le lancement officiel de la 19e édition de la campagne des « 16 Jours d’activisme contre les violences faites aux femmes ». Placée sous le thème « Unis pour mettre fin à la violence numérique à l’égard de toutes les femmes et filles », cette cérémonie, présidée par la Ministre de la Promotion de la Femme et de la Famille, Madame Abena Ondoa née Obama Marie Thérèse, a marqué le début d’une mobilisation nationale contre une forme insidieuse de violence qui prolifère dans l’espace digital.

Une violation des droits humains fondamentaux

Dans son discours d’ouverture, la Ministre a rappelé la portée symbolique de cette campagne internationale, qui relie délibérément la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes (25 novembre) et la Journée internationale des droits de l’homme (10 décembre). « Ce lien n’est pas fortuit car il démontre que la violence envers les femmes et les filles est une violation des droits humains fondamentaux », a-t-elle affirmé.

Elle a ensuite exprimé sa reconnaissance aux agences du Système des Nations Unies et aux organisations de la société civile, tout en adressant une « profonde gratitude » au Coordonnateur Pays de l’ONG Vital Stratégies pour la conduite d’une analyse situationnelle sur les Violences Basées sur le Genre (VBG) et la conception d’un outil harmonisé de gestion des cas.

La violence numérique : un fléau aux conséquences bien réelles

Le thème de cette année braque les projecteurs sur une menace émergente et dévastatrice. « La violence numérique est une réalité dévastatrice qui ne peut plus être ignorée », a alerté Madame Abena Ondoa, énumérant ses multiples visages : « harcèlement, pistage, traque, contrôle d’accès, surveillance, menaces, tactiques d’intimidation, usurpation d’identité, abus basés sur l’image, etc. »

La Ministre a déploré que l’espace numérique, « autrefois perçu comme un espace de liberté, est malheureusement devenu un terrain où les violences se multiplient, avec des conséquences bien réelles ». Insistant sur l’impact concret, elle a déclaré : « La violence numérique n’est pas seulement virtuelle, elle détruit des carrières, isole et réduit au silence des femmes, brise des familles, et parfois, met des vies en danger. »

Un appel à l’action collective et une feuille de route

Face à ce défi, la Ministre a appelé à une action concertée articulée autour de trois axes majeurs :

  1. Le renforcement des campagnes de sensibilisation.
  2. Le plaidoyer pour des réformes législatives afin de renforcer les sanctions contre les auteurs.
  3. L’appropriation et l’application effective des textes de lois existants.

« Aucune femme, aucune fille, ne doit craindre d’exister, de s’exprimer, en public, en privé, ou en ligne », a-t-elle lancé, invitant tous les acteurs à œuvrer « main dans la main » pour faire de l’espace numérique « un lieu sûr et respectueux ».

Une table ronde pour concrétiser les engagements

La cérémonie a été ponctuée par des interventions de haut niveau. Nadine Perrault, Représentante Résidente de l’UNICEF au Cameroun, a lu le message des Nations Unies, soulignant que « la sécurité numérique est un point essentiel pour la promotion de l’égalité de genre ».

Une table ronde, modérée par le magistrat Ulrich Ovono Ondoua, Président du Club des Ambassadeurs de la Masculinité Positive, a permis d’approfondir les réflexions. Les échanges ont porté sur des sujets cruciaux :

  • L’autonomisation par l’éducation numérique, présentée par Tchamanbe Claude Hermann de Camtel.
  • Les bonnes pratiques de sécurité en ligne, exposées par Madame Elizabeth A. Mabom de l’Orange Cameroun Foundation, qui a aussi insisté sur les opportunités économiques du marketing digital.
  • Les enjeux de cybersécurité, détaillés par Mademoiselle Gaëlle Brenda Akotiko de l’ANTIC, qui a présenté des outils concrets de protection numérique.

Vers un numérique émancipateur

En filigrane de cet événement, une conviction forte est ressortie : si la technologie peut être un vecteur de violence, elle doit et peut devenir une force au service de l’égalité. Comme l’a conclu la Ministre Abena Ondoa, il est de « notre responsabilité collective de construire un environnement sain en ligne, qui soit source d’émancipation et de progrès ! et non source de violence et de destruction ! » Le lancement de ces 16 jours d’activisme marque ainsi le début d’une mobilisation renouvelée pour que le numérique soit un outil de liberté et non d’oppression pour les femmes et les filles du Cameroun.

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