SOCIETE

Grève : Les enseignants campent sur leur position, le gouvernement apaise la tension

Written by Annette Olinga

Enseignants et gouvernement sont en pleine négociation pour mettre un terme au mouvement de grève des enseignants qui dure depuis le 21 février.

Au fil des semaines, la grève des enseignants est devenue une crise sociale d’envergure que les autorités camerounaises, après avoir longtemps repoussé l’échéance, tentent de juguler. Le  7 mars dernier, le président Paul Biya a demandé que soit débloqué en urgence le verrou de précaution budgétaire des administrations publiques de 20% de leurs crédits destinés à l’achat des biens et services. Ceci, dans le but de Répondre le plus rapidement possible aux revendications des grévistes. Ce sont pas moins de 2,7 milliards de F CFA qui ont ainsi été mis sur la table par le gouvernement, qui doivent servir à payer des arriérés de primes de correction d’examen qui datent de 2020. En parallèle, Joseph Le, le ministre de la Fonction publique, a mis en place une task force chargée de travailler sur les desiderata des enseignants.

Les véritables raisons

Une avancée saluée par nombre d’entre eux mais que beaucoup jugent encore insuffisante. Le paiement des arriérés de primes de correction n’est qu’une des vingt revendications listées par le collectif OTS. Outre les compléments de salaires restant dûs par l’État, les enseignants réclament également la prise en compte de tous ceux qui sont encore en attente. Au total, l’enveloppe globale tournerait plutôt autour des 181 milliards de F CFA. Les raisons profondes de la grogne sont à chercher du côté du processus de recrutement des enseignants. Au Cameroun, ils sont formés pendant 3 à 5 ans dans des écoles d’État. À leur sortie, ils sont affectés dans différents établissements et doivent soumettre à l’administration un dossier d’intégration pour être pris en compte dans la masse salariale de l’État. Un processus qui prend du temps : jusqu’en 2008, un enseignant nouvellement affecté pouvait ainsi attendre jusqu’à deux ans avant de percevoir ses premiers émoluments.

Face aux inconvénients de cette situation, décision avait été prise par le ministère de la Fonction publique d’instaurer un nouveau système : les enseignants perçoivent une avance sur solde correspondant aux deux tiers de leur salaire, en attendant que leurs dossiers d’intégration soient traités et qu’ils reçoivent – enfin – le complément de salaire. Mais là encore, le système censé fluidifier la situation a encore alourdi un processus déjà à la peine. « Nos collègues sortent des instituts de formation, sont affectés sur le terrain mais se retrouvent à passer dix ans sans le moindre salaire ou presque. Ceux qui reçoivent les deux tiers de leur salaire n’ont jamais de compléments de solde ; à cela s’ajoute l’absence d’avancements et de primes », insiste le membre du collectif OTS.

Lors de la précédente grève, en 2019, une réunion organisée avec les autorités avait permis de dresser l’état des lieux du secteur. On dénombrait alors 6 547 dossiers d’avance de solde, 19 862 dossiers d’actes de carrière, 501 indemnités de non logement, 419 prestations familiales, 550 indemnités de sujétion et 3 423 états de sommes dues en attente d’un déblocage des fonds du ministère des Finances.

Le gouvernement avait alors engagé établi un échéancier de règlement de cette dette mais le processus s’est progressivement grippé. Au début de l’« Opération craie morte », les autorités ont évoqué la gestion de la pandémie et la crise dans les régions anglophones du pays pour justifier ces retards.

À quelques mois de l’organisation des examens de fin d’année, ils sont en position de force dans les négociations. Les efforts déployés par le gouvernement sont là pour le prouver.

source: jeune afrique

About the author

Annette Olinga

Leave a Comment