Yaoundé a abrité du 04 au 05 Novembre 2023 la 44e conférence ministérielle de la Francophonie sous le thème, Bonne gouvernance, gage de stabilité pour les populations francophones. Au terme de deux jours de travaux, les Etats et gouvernements membres de l’OIF ont pris des mesures pour renforcer la gouvernance, la démocratie et la prospérité dans l’espace francophone, qui se traduisent dans la résolution de Yaoundé.
Les ministres réunis à Yaoundé ont pris connaissance du suivi des engagements pris à Djerba en 2022 ainsi que des résultats de la programmation de l’OIF pour la période 2019-2023. l’OIF va poursuivre ses actions basées sur la prévention, et la coopération, en tenant compte de la spécificité de chaque situation. La Secrétaire générale a été invité à garder un contact permanent avec les autorités des pays concernés et à ajuster son action en coordination avec les autres organisations internationales, régionales et sous-régionales.

La 44e CMF a adopté la programmation 2024-2027, la première programmation proposée par Louise Mushikiwabo, depuis sa prise de fonction, et qui met en avant le rôle de la langue française dans la culture, l’éducation, la démocratie, la gouvernance et le développement durable. Elle se traduit par vingt projets axés sur des résultats concrets pour répondre aux besoins des populations francophones. (Cf. annexe 2)
Concernant l’adoption du budget 2024, deux informations majeures à retenir : premièrement, la révision à la hausse du barème des contributions statutaires, une première depuis 2007. Deuxièmement, un engagement renouvelé de plusieurs Etats et gouvernements membres, qui ont maintenu, augmenté ou versé pour la première fois des contributions volontaires au bénéfice de la programmation de l’OIF, dont, pour la première fois de manière substantielle et inédite, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Togo et le Rwanda. Un geste témoignant d’une implication grandissante des pays africains envers l’Organisation que la Secrétaire générale a tenu à saluer.
La conférence s’est achevée par la passation de la présidence de la CMF entre la Tunisie et la France qui accueillera le XIXe Sommet de la Francophonie les 4 et 5 octobre 2024 à Villers Cotterêts, en France. Durant son séjour, la Secrétaire générale de la Francophonie a eu l’occasion de rencontrer les plus hautes autorités du Cameroun afin de saluer l’excellente organisation de cette instance importante pour la Francophonie et l’accueil chaleureux réservé à l’ensemble des délégations en terre camerounaise.
RESOLUTION SUR LA BONNE GOUVERNANCE AU SERVICE DE LA STABILITE POLITIQUE, DE LA PROSPERITE ECONOMIQUE ET SOCIALE ET DU RAYONNEMENT CULTUREL DANS L’ESPACE
FRANCOPHONE
Préambule
Nous, Ministres et Chefs de délégations des Etats et gouvernements ayant le français en partage, réunis les 4 et 5 novembre 2023, à Yaoundé, à l’occasion de la 44e session ordinaire de la Conférence ministérielle de la Francophonie sur lethème « Bonne gouvernance : gage de stabilité politique, économique et culturelle pour les citoyens francophones », organisée un an avant le Sommet de Villers-Cotterêt
- Réaffirmant notre engagement en faveur de la paix, de la démocratie, des droits de
l’Homme, de la langue française, socle de la Francophonie, dont la promotion doit être
assurée dans tous les champs d’action, ainsi que de la diversité des expressions
culturelles et linguistiques ; - Réaffirmant également notre attachement au respect de la Charte de la Francophonie
ainsi que de ses textes subséquents que sont les Déclarations de Bamako (2000) et
de Saint-Boniface (2006) et la Déclaration sur la langue française dans la diversité
linguistique de la Francophonie (2022) ; - Réaffirmant, dans la perspective du Sommet de l’Avenir, notre attachement aux buts
et principes énoncés dans la Charte des Nations unies et dans les principaux
instruments internationaux relatifs à la bonne gouvernance et aux droits de
l’Homme, notamment la Convention des Nations unies contre la corruption (2003) ; - Rappelant les orientations définies dans le Cadre stratégique de la Francophonie
2023-2030, adopté lors du Sommet de Djerba en novembre 2022, en particulier les
objectifs stratégiques portant sur la contribution de la Francophonie à la consolidation
de la paix, de la démocratie et de la sécurité, ainsi qu’à la promotion et la protection
des droits de l’Homme ; - Marquant notre préoccupation face au recul observé des pratiques de bonne
gouvernance dans l’espace francophone, notamment à travers les ruptures de l’ordre
constitutionnel, la montée de l’insécurité du fait du terrorisme, des groupes armés et
des conflits civils, l’accentuation de la pauvreté marquée par le sous-développement
et l’accès inéquitable aux ressources, ainsi que les conséquences du changement
climatique ;
- Rappelant la Déclaration de Bamako et l’importance d’agir davantage pour la
consolidation de la démocratie et de l’Etat de droit, et la préservation de la cohésion
sociale ; Exhortant de ce fait à privilégier une pratique apaisée de la démocratie ; - Saluant et encourageant le dynamisme de l’Assemblée parlementaire de la
Francophonie, des opérateurs et des réseaux institutionnels de la Francophonie, dont
les actions de terrain concourent à la construction, à la défense et à la consolidation
de l’Etat de droit ainsi qu’à la promotion et au respect des droits de l’Homme et à
l’accompagnement des processus électoraux ; - Soulignant l’importance d’adopter des mesures concrètes en faveur de la
représentativité des femmes et des jeunes, en pleine coopération avec la société civile,
dans les processus démocratiques et de transition politique à travers notamment le
renforcement des capacités et la mise en œuvre de politiques inclusives ; - Conscients du fait que la Francophonie bénéficie d’outils uniques pour consolider son
assise économique à l’instar de son réseau d’universités, de son poids et de ses
potentiels économiques, culturels et démographiques, de sa jeunesse dynamique et
mobilisée, et des ressources stratégiques dont elle regorge ; - Estimant qu’une prospérité partagée basée sur des principes de durabilité,
d’inclusivité et de solidarité dans l’espace francophone devrait être au cœur de la
Francophonie ; - Constatant que la mondialisation de l’économie doit mieux intégrer les besoins des
pays en développement, notamment les pays francophones d’Afrique et des Caraïbes,
et soulignant l’urgence de réformer le système de financement international du
développement ; - Soutenant que la Francophonie doit, à cet égard, participer de façon toujours plus forte
et plus cohérente à l’effort général visant à créer les conditions qui donneront aux pays
les plus pauvres et à leurs populations les moyens d’une insertion réussie dans le
système économique mondial ; - Saluant les initiatives et le plaidoyer de l’Organisation internationale de la
Francophonie (OIF), notamment à travers l’Institut de la Francophonie pour le
développement durable, pour contribuer à la réalisation des Objectifs de
développement durable de l’Agenda 2030 ; - Rappelant l’avertissement de l’Organisation des Nations unies (ONU) selon lequel les
plans de réduction des gaz à effet de serre (GES) tels que présentés par les parties à
la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC)
ne suffiraient pas à contenir l’élévation de la température moyenne de la planète
nettement en dessous de 2 degrés et à la limiter à 1,5 degré par rapport à son niveau
pré-industriel ; - Saluant les résultats de la 27e CCNUCC qui s’est tenue à Charm El Sheikh en
novembre 2022 et reconnaissant l’importance cruciale du financement aux fins
d’atténuation et d’adaptation, notamment la mise en place de nouvelles modalités de
financement, y compris la création d’un fonds « pertes et dommages » ;
- Affirmant l’importance de la préservation des écosystèmes et de la biodiversité et
soulignant que la forêt tropicale du Bassin du Congo, avec ses 3 millions de km²
partagés entre 6 Etats membres de la Francophonie, est le deuxième plus grand massif
forestier tropical, un des principaux puits de carbone et un poumon écologique de la
planète ; - Saluant l’organisation par la France en 2023 à Paris, du Sommet pour un nouveau
pacte financier mondial, où a été présenté le Pacte de Paris pour les peuples et la
planète, et les réponses apportées dans la lutte contre les inégalités et la survie de la
planète ; - Saluant l’organisation par l’OIF et le Commonwealth, en marge du Sommet de Paris pour
un nouveau pacte financier mondial, d’un événement de haut niveau sur le thème «
Allouer les nouveaux financements du développement en tenant compte de la
vulnérabilité multidimensionnelle» appelant à l’adoption d’un indice universel qui prenne
en considération les spécificités de nos pays ; - Confirmant qu’avec une langue en partage, un ancrage sans compromis sur les
valeurs humanistes et les droits fondamentaux, une stratégie économique et
numérique axée sur le développement durable inclusif et équitable dont les femmes et
les jeunes sont acteurs, la culture et les industries culturelles et créatives demeurent
au cœur de notre action francophone ; - Rappelant le rôle moteur joué par l’OIF dans l’adoption, en 2005 par l’UNESCO, de la
Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles,
qui a permis à l’OIF de s’affirmer comme un acteur original dans le concert des nations ; - Rappelant en conséquence l’importance de protéger et de promouvoir la diversité
culturelle et linguistique de l’espace francophone et de renforcer la découvrabilité des
contenus francophones ; - Dénonçant les discours populistes et de haine qui peuvent conduire à la radicalisation
et à l’extrémisme violents et porter atteinte à la stabilité, la paix, la sécurité, la
démocratie, les droits de l’Homme ; et rappelant à cet égard l’Appel francophone
d’Erevan pour le vivre ensemble ; - Dans l’esprit de la Déclaration de Djerba et des valeurs prônées par la Francophonie,
considérant la grave détérioration de la situation au Moyen-Orient, appelons tous les
acteurs concernés à contribuer davantage à la cessation de toutes les formes de
violence contre les populations civiles et à la préservation des vies humaines ; - Poursuivons nos efforts communs afin de s’assurer de l’appropriation par nos Etats et
gouvernements des règles de bonne gouvernance, incluant la participation des
citoyens et de la société civile, pour un espace francophone de prospérité partagée ;
Appelons à poursuivre la réflexion approfondie et inclusive pour identifier les obstacles
à la mise en œuvre des paramètres relatifs à la bonne gouvernance et dégager des
pistes de solutions en privilégiant celles qui s’appliquent à tous, tout en respectant les
spécificités endogènes ;
- Réaffirmons notre indéfectible attachement aux principes et dispositions de la
Convention des Nations unies contre la Corruption, dite de Mérida, et invitons les Etats
et gouvernements à l’appliquer et à mettre en place des stratégies et plans d’actions
de lutte contre la corruption ; - Affirmons notre détermination à accélérer la mise en œuvre de la Stratégie
économique pour la Francophonie (2020-2025) et à renforcer l’espace économique
francophone pour en faire un espace privilégié d’échanges, de prospérité et de
croissance inclusive, partagée et durable ; - Nous félicitons du succès des Missions économiques et commerciales et des ateliers
thématiques de renforcement des capacités des entreprises francophones en vue de
leur développement à l’international et encourageons l’OIF à poursuivre ces actions ; - Invitons les acteurs économiques, particulièrement le secteur privé, à poursuivre leur
mobilisation à travers notamment les Rencontres des entrepreneurs francophones afin
de favoriser les maillages, développer de nouveaux partenariats, identifier des
opportunités d’affaires prometteuses et promouvoir la mobilité dans l’espace
francophone ; - Réitérons notre détermination à mettre en œuvre des stratégies nationales de
développement durable afin de contribuer efficacement à la lutte contre la pauvreté et
à la préservation des ressources de l’environnement ; - Appelons les pays francophones et leurs partenaires commerciaux à respecter les
engagements de la CCNUCC et de l’Accord de Paris, en renforçant leurs plans de
réduction des gaz à effet de serre, notamment par des innovations et des solutions
climatiques intégrées ; - Soutenons l’action de la Francophonie notamment à travers l’IFDD pour renforcer les
capacités en matière de négociation sur le climat, et pour soutenir les initiatives
environnementales dans le Bassin du Congo ; - Accueillons favorablement la reconstitution ambitieuse du Fonds vert pour le climat
(FVC), et soutenons l’adoption en 2024 d’un nouvel objectif chiffré de financement de
la lutte contre le changement climatique pour la période postérieure à 2025, sur la base
de mécanismes durables et transparents, tenant compte des besoins réels des pays
en développement ; - Œuvrerons davantage à développer les industries culturelles et créatives francophones
ainsi que les compétences et l’autonomisation des acteurs culturels afin de renforcer
la découvrabilité des contenus francophones notamment via des plateformes
numériques, dont TV5MondePlus, et des actions de régulation ;
Réitérons notre détermination à prévenir et lutter contre la radicalisation et l’extrémisme
violents dans l’espace francophone, soulignons à cet égard le rôle du réseau
FRANCOPrev, les politiques publiques en matière de lutte contre la désinformation, les
initiatives pour renforcer la qualité et l’intégrité de l’information, ainsi que les
programmes d’éducation à la citoyenneté numérique ;
- Saisissons l’opportunité de cette Conférence ministérielle de Yaoundé pour faire le
suivi des engagements pris par le Sommet de Djerba de novembre 2022 et, au regard
de la thématique de cette CMF, nous projeter vers le XIXe Sommet que la France
accueillera en 2024 ; - Appelons l’ensemble des acteurs de la Charte de la Francophonie à renforcer leurs
actions en faveur de la bonne gouvernance et invitons la Secrétaire générale de la
Francophonie à poursuivre toutes les initiatives allant dans le sens de cette Résolution.