Le Cameroun fait face à un défi majeur : améliorer la qualité et la durabilité de son réseau routier, composé à 92% de routes en terre. Pour y parvenir, le pays mise sur une technologie innovante : le liant hydraulique routier (LHR). Quels sont les principes, les avantages et les perspectives de cette technique ? C’est ce que nous allons découvrir dans cet article, qui s’inspire du discours prononcé par le Ministre des Travaux Publics à l’occasion de l’ouverture d’une formation sur le sujet, ce 5 février 2024.
Le LHR, qu’est-ce que c’est ?
Le LHR est un ciment à dosage normalisé, qui permet de traiter les sols en place pour les rendre plus résistants et plus stables. Il s’agit d’une poudre qui se mélange à l’eau et au sol, et qui durcit en quelques heures. Le LHR augmente la portance des sols, c’est-à-dire leur capacité à supporter des charges, et améliore les performances modulaires des matériaux d’assise de chaussée, c’est-à-dire leur capacité à résister aux déformations.

Le LHR présente plusieurs avantages par rapport aux techniques traditionnelles de stabilisation des routes en terre, comme le compactage ou l’ajout de graviers. Il permet de :
- Réduire les coûts de construction et de maintenance, en utilisant les matériaux existant localement, sans avoir besoin de les transporter ou de les remplacer.
- Prolonger la durée de vie des routes en terre, qui passe de 5 ans à au moins 5 à 7 ans, voire plus selon les conditions climatiques et le trafic.
- Améliorer la sécurité et le confort des usagers, en évitant les nids-de-poule, les ornières, les fissures ou les affaissements.
- Préserver l’environnement, en limitant l’érosion des sols, la pollution de l’air et la consommation d’énergie.
Le LHR, comment ça marche ?
Le LHR est le fruit d’une coopération Sud-Sud Intra-Africaine, initiée par le Maroc, qui a développé cette technologie depuis les années 2000. Le Cameroun a bénéficié de l’expérience et du savoir-faire de son partenaire, à travers l’entreprise CIMAF Cameroun, qui produit et distribue le LHR sur le territoire national.
Pour mettre en œuvre le LHR, il faut suivre plusieurs étapes :
- Réaliser une étude géotechnique du sol, pour déterminer sa nature, sa composition, sa granulométrie, sa teneur en eau, etc.
- Effectuer des essais de formulation du sol avec le LHR, pour définir le dosage optimal du liant, en fonction des caractéristiques du sol et des performances attendues.
- Préparer le sol, en le scarifiant, en le nivelant, en le désherbant, en le drainant, etc.
- Pulvériser le LHR sur le sol, à l’aide d’un épandeur mécanique ou manuel, selon le dosage défini.
- Malaxer le sol et le LHR, à l’aide d’un malaxeur ou d’un tracteur, pour obtenir un mélange homogène.
- Compacter le sol traité, à l’aide d’un rouleau compresseur ou d’un camion, pour obtenir une surface plane et lisse.
- Humidifier le sol traité, à l’aide d’un arroseur ou d’un camion-citerne, pour favoriser la prise du liant.
- Laisser sécher le sol traité, pendant quelques heures, avant de le mettre en circulation.
Le LHR, où ça se passe ?
Le Cameroun a lancé, il y a plus de neuf mois, des chantiers pilotes de stabilisation des routes en terre avec le LHR, sur des tronçons de routes déjà retenus. Ces chantiers ont pour objectif de tester et de valider la technique du LHR, avant de la généraliser à l’ensemble du réseau routier. Ces chantiers sont réalisés avec la participation des entreprises des travaux et des bureaux d’études techniques, notamment la China First Highway Engineering Company (CFHEC), qui sont parties prenantes du processus. Ils sont également accompagnés par des formations à l’appropriation de la mise en œuvre du LHR, destinées aux acteurs du secteur routier, tels que les ingénieurs, les techniciens, les entrepreneurs, les agents de contrôle, etc.
Ces formations ont pour but de permettre aux participants d’appréhender les principes généraux qui sous-tendent la technique du LHR, notamment les conditions d’utilisation, la caractérisation des matériaux, les essais de formulation du sol avec le LHR, l’évaluation des performances. Elles visent également à renforcer les capacités techniques et managériales des acteurs du secteur routier, pour assurer la qualité et la pérennité des ouvrages réalisés avec le LHR.
Le LHR, quel avenir ?
Le LHR s’inscrit dans la stratégie nationale de développement à l’horizon 2030 (SND30), qui prévoit la réalisation de 6 000 km de nouvelles routes bitumées, la maintenance de 3 000 km de routes bitumées existantes, ainsi que l’entretien permanent de l’ensemble du réseau routier. Le LHR constitue donc un outil efficace et économique pour atteindre ces objectifs, en améliorant la qualité et la durabilité des routes en terre, qui représentent la majorité du réseau routier.
Le LHR contribue également à la concrétisation du programme politique du septennat des grandes opportunités, impulsé par le Président de la République, Son Excellence Monsieur Paul BIYA, qui vise à faire du Cameroun un pays émergent, démocratique et uni dans sa diversité. Le LHR participe ainsi au développement socio-économique du pays, en facilitant la mobilité des personnes et des biens, en stimulant les activités commerciales et agricoles, en créant des emplois et des revenus, en renforçant la cohésion sociale et territoriale.
Le LHR représente donc une opportunité pour le Cameroun, qui dispose d’un potentiel énorme en matière de ressources naturelles et humaines. Il s’agit d’une innovation qui répond aux besoins et aux aspirations du peuple camerounais, qui aspire à une meilleure qualité de vie. Le LHR est une technologie qui s’adapte aux réalités et aux spécificités du pays, qui valorise les savoir-faire locaux et qui favorise la coopération régionale. Le LHR est, en somme, une solution d’avenir pour le Cameroun.