SOCIETE

Tolérance zéro aux MGF: Le Minproff appelle à investir dans les mouvements dirigés par les survivantes

Written by Annette Olinga

Ce 06 février 2024, le monde entier célèbre la 17ème édition de la Journée internationale de tolérance zéro aux mutilations génitales féminines (MGF). Au Cameroun, cette journée est l’occasion de réaffirmer l’engagement du gouvernement et de la société civile à lutter contre cette pratique néfaste qui porte atteinte à la dignité, à la santé et aux droits des femmes et des filles.

Les MGF désignent toutes les interventions qui altèrent ou lèsent intentionnellement les organes génitaux féminins pour des raisons non médicales. Elles sont souvent réalisées sans le consentement des filles et des femmes, et peuvent entraîner de graves conséquences physiques et psychologiques. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 200 millions de filles et de femmes vivant aujourd’hui sont des survivantes de MGF, et près de 4,4 millions de filles sont exposées au risque de subir des MGF chaque année.

Au Cameroun, les MGF ont cours dans certaines régions notamment l’Extrême-Nord et le Sud-Ouest, où elles sont liées à des traditions culturelles, religieuses ou sociales. On les retrouve également de plus en plus dans certaines grandes villes du fait des migrations. Les résultats de l’Enquête démographique et de santé (EDS), réalisée en 2011, indiquent une prévalence des MGF de 1,4 % au niveau national et de 20 % dans les zones foyers.

Face à ce fléau, le gouvernement camerounais, sous l’impulsion du Chef de l’Etat, S.E Paul Biya, a mis en place plusieurs mesures législatives, institutionnelles et opérationnelles pour éliminer les MGF. Parmi ces mesures, on peut citer :

La mise en œuvre de la Résolution A/RES/67/146 sur « l’Intensification de l’action mondiale visant à éliminer les mutilations génitales féminines » adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies en 2012 ;
L’adoption de la loi N° 2016/007 du 12 juillet 2016 portant Code pénal avec des dispositions relatives à la répression des MGF dans ses articles 277 et suivants, qui prévoient des peines allant de 10 à 20 ans de prison et des amendes allant de 100 000 à 10 millions de francs CFA pour les auteurs et les complices de MGF ;
La mise en œuvre du Plan d’action national pour l’élimination des MGF, élaboré en 2017 avec l’appui technique et financier de l’UNICEF, du FNUAP, de l’UNFPA et de l’OMS, qui vise à renforcer la prévention, la protection, la prise en charge et le suivi-évaluation des actions de lutte contre les MGF.

Cette année, la Journée de tolérance zéro aux MGF est commémorée sous le thème : « Sa voix compte pour son avenir : investir dans les mouvements dirigés par les survivantes pour mettre fin aux mutilations génitales féminines ». Ce thème est interpellateur en ce sens qu’il implique les survivantes dans le combat tout en poursuivant la mobilisation de toutes les autres parties prenantes afin de mettre fin à ce fléau. Investir dans les mouvements dirigés par les survivantes pour lutter contre les MGF constitue une approche stratégique au regard des objectifs visés pour l’atteinte de la tolérance zéro aux MGF.

A cet effet, la ministre de la Promotion de la femme et de la famille, Madame Marie-Thérèse Abena Ondoa, a fait une déclaration à l’occasion de cette journée, dans laquelle elle a salué le courage et la détermination des survivantes qui ont osé briser le silence et dénoncer les MGF. Elle a également appelé à amplifier leurs voix en entreprenant les démarches suivantes :

Veiller à ce que les survivantes soient associées à la conception, à la mise en œuvre, au suivi et à l’évaluation des politiques et des programmes de lutte contre les MGF ;
Renforcer et/ou mettre en place des plateformes pour améliorer la participation des survivantes à la prise de décision au niveau local et national ;
Mobiliser les financements pour les actions et initiatives portées par les survivantes ;
Sensibiliser les communautés, les leaders religieux, les médias, les jeunes, les hommes et les garçons sur les conséquences néfastes des MGF et sur la nécessité de les abandonner ;
Promouvoir l’éducation, l’autonomisation et l’égalité des genres comme des facteurs clés pour prévenir les MGF et protéger les droits des femmes et des filles ;
Renforcer la collaboration entre les acteurs étatiques, non étatiques et internationaux pour assurer une synergie d’actions et une cohérence des interventions.

La ministre a conclu sa déclaration en réitérant l’engagement du gouvernement à poursuivre la lutte contre les MGF, en rappelant que cette pratique est incompatible avec les valeurs républicaines et les engagements internationaux du Cameroun en matière de promotion et de protection des droits humains. Elle a également invité tous les Camerounais et Camerounaises à se joindre à cet élan de solidarité et à dire non aux MGF.

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