SANTE

Cameroun: Des  stocks de médicaments mal gérés et des conséquences alarmantes

Written by Annette Olinga

Le Cameroun fait face à de sérieuses critiques concernant la gestion de ses stocks de médicaments, en particulier ceux utilisés dans la lutte contre des maladies critiques telles que le VIH, la tuberculose et le paludisme. Ces critiques émanent du Fonds Mondial (FM) qui, au terme de sa mission, a exprimé des préoccupations quant aux ruptures de stock, aux versements tardifs et aux déficits de financements nationaux.

Des tensions importantes et des ruptures de stock de médicaments vitaux ont été observées, entraînées par une gestion approximative des stocks. Des quantités considérables de médicaments ont expiré dans les magasins de la Centrale nationale d’approvisionnement en médicaments et consommables médicaux essentiels (Cename) et des Fonds régionaux pour la promotion de la santé (FRPS), sans possibilité de suivi en temps réel ou semi-réel de la chaîne d’approvisionnement.

Conséquences des engagements non respectés

Les retards dans les versements et la mauvaise gestion des médicaments ont des conséquences directes et graves. Le non-respect des engagements de cofinancement par le gouvernement camerounais pourrait entraîner des ruptures de stock, mettant en danger la vie des patients. De plus, ces manquements impacteront le montant de la prochaine allocation du FM, qui sera basée sur les résultats programmatiques de l’année 2024 et la concrétisation des engagements de cofinancement pour 2024 et 2025.

Réponses et nouvelles exigences

Face à ces critiques, le Ministère de la Santé publique (Minsanté) a justifié les retards par des problèmes de taux de change, mais cet argument a été rejeté par le FM après des réunions avec la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) et la Caisse autonome d’amortissement (CAA). Le FM exige des actions urgentes, telles que la planification anticipée des paiements pour l’achat de produits de santé, et la fourniture d’un rapport annuel sur les dépenses de cofinancement national.

Montant significatif des subventions

Pour le cycle en cours, environ 67 millions d’euros (43,89 milliards de FCFA) seront consacrés à l’achat de produits de santé, notamment des antirétroviraux, antituberculeux, antipaludéens et moustiquaires, identifiés avec les programmes nationaux du Minsanté.

Scandale et demande de remboursement

Le FM a également exigé que le Cameroun rembourse la somme de 1 395 648,69 USD (plus de 852 millions de FCFA) suite à la découverte de détournements de médicaments. Selon la notification du 11 juin 2024, cet argent est considéré comme des dépenses non conformes effectuées par le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP). Ces dépenses incluent 1 095 055,86 USD (668 914 000 FCFA) pour les médicaments détournés et 300 592,83 USD (183 617 000 FCFA) pour les coûts de gestion et de stockage.

Réduction des financements du Fonds Mondial

Le financement alloué par le FM au Cameroun pour la période 2023-2025 a été réduit de 123,3 millions d’euros (80,94 milliards de FCFA) à 75,3 millions d’euros (49,47 milliards de FCFA), soit une diminution de 29%. Cette réduction est due aux dépenses non justifiées par trois bénéficiaires indélicats, notamment la Croix Rouge Camerounaise (CRC), l’ONG Christson et Gwladys Mekongo Mbarga.

Conclusion : Une affaire à suivre

Le ministre de la Santé publique, Manaouda Malachie, minimise ces exigences en parlant de fonds à « justifier » plutôt qu’à « rembourser ». Néanmoins, cette affaire, déjà examinée par le Tribunal Criminel Spécial (TCS) à Yaoundé, pourrait connaître de nombreux rebondissements. Une gestion efficace et transparente des médicaments est impérative pour garantir la santé des populations et assurer le financement futur des programmes de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme.

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