Le réseau routier camerounais, essentiel au développement économique et social du pays, fait face à des défis majeurs, notamment dans les régions classées comme “zones économiquement sinistrées”. À l’issue de la Conférence annuelle des services centraux et déconcentrés du Ministère des Travaux Publics (MINTP) tenue les 27 et 28 Janvier en 2025 à Yaoundé, des perspectives claires ont été dégagées pour améliorer l’état du réseau, avec un accent particulier sur les régions du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et de l’Extrême-Nord. Cet article explore les enjeux et les solutions proposées pour une maintenance routière plus efficace et durable.
1. État des lieux du réseau routier camerounais
Au 31 décembre 2024, le réseau routier camerounais compte 111 297,06 km de routes en terre, dont seulement 999,80 km font l’objet de travaux de construction ou de bitumage. Le réseau bitumé, quant à lui, s’étend sur 10 575,94 km, avec 283,76 km en cours de réhabilitation ou de reconstruction. Malgré ces efforts, les régions du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et de l’Extrême-Nord restent particulièrement vulnérables, contribuant significativement à la dépréciation globale du réseau.
Les routes en terre, qui représentent 91,60 % du linéaire total, sont particulièrement sensibles aux intempéries, ce qui accélère leur dégradation et réduit leur durée de vie. Les dégradations les plus fréquentes incluent les ravines, les ondulations, les nids de poule et les bourbiers, qui affectent directement la praticabilité et la sécurité des usagers.
2. Évaluation technique des routes : portance et état visuel
Lors de la conférence, M. Takuete Donnat, Directeur Général des Études techniques, a présenté une méthodologie d’évaluation de l’état des routes. Pour les routes bitumées, deux paramètres clés sont pris en compte : la portance (mesurée par la déflexion) et l’état visuel (caractérisé par trois types de dégradations). Ces indicateurs, combinés à un algorithme, permettent de déterminer le niveau de confort et de praticabilité des routes.
Pour les routes en terre, l’évaluation repose sur la gravité des dégradations, notamment les déformations, les ravines, les ondulations et les nids de poule. Les points critiques, tels que les bourbiers ou les effondrements d’ouvrages, peuvent considérablement affecter l’état global d’une section de route.
3. Les défis spécifiques des zones économiquement sinistrées
Les régions du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et de l’Extrême-Nord, classées comme “zones économiquement sinistrées”, présentent des défis particuliers. Leur éloignement géographique, leur vulnérabilité aux conditions climatiques extrêmes et leur faible développement économique exacerbent les difficultés de maintenance routière. Par exemple, dans l’Extrême-Nord, le réseau routier compte 21 955,25 km, dont seulement 576,51 km de routes nationales.
Ces régions nécessitent une attention particulière, car la dégradation de leurs routes affecte non seulement la mobilité des populations locales, mais aussi l’acheminement des biens et services, freinant ainsi leur développement économique.
4. Perspectives et recommandations
Pour répondre à ces défis, plusieurs mesures ont été proposées lors de la conférence :
- Intensification de la veille permanente et de l’entretien préventif : Il est essentiel de mettre en place des mécanismes de surveillance continue pour anticiper et prévenir la détérioration des routes.
- Amélioration de la qualité des interventions sur les routes en terre : Les projets doivent être conçus avec une approche axée sur la durabilité et la pérennité des investissements, en tenant compte des spécificités locales.
- Politique d’intervention spécifique pour les zones sinistrées : Les régions du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et de l’Extrême-Nord doivent bénéficier d’un soutien accru, incluant des financements innovants et des programmes adaptés à leurs besoins.
- Mécanismes de financement innovants : Pour financer ces projets, des partenariats public-privé et des fonds dédiés pourraient être mis en place, en s’inspirant de modèles internationaux réussis.
La maintenance du réseau routier camerounais, en particulier dans les zones économiquement sinistrées, est un enjeu crucial pour le développement du pays. Les recommandations issues de la Conférence annuelle du MINTP 2025 offrent une feuille de route claire pour améliorer l’état des routes, renforcer la résilience des infrastructures et soutenir le développement régional. La mise en œuvre de ces mesures nécessitera une collaboration étroite entre les acteurs publics, privés et internationaux, ainsi qu’un engagement fort en faveur de la durabilité et de l’inclusion.