Le Littoral, région économique clé du Cameroun, renforce sa position en tant que hub industriel avec l’implantation de nouvelles cimenteries. Cette dynamique a été mise en lumière lors de la visite de travail du Pr Fuh Calistus Gentry, ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique par intérim, qui est en visite dans la région du 17 au 21 mars 2025. L’objectif de cette tournée était d’évaluer la mise en œuvre de la politique industrielle du gouvernement et de soutenir la densification du tissu industriel camerounais, en particulier dans le Littoral.
La mission du ministre a débuté à Édéa, dans le département de la Sanaga-Maritime, où trois cimenteries et deux carrières ont été inspectées. Ces installations, toutes financées par des investisseurs chinois, illustrent la volonté du Cameroun de devenir un acteur majeur dans la production et l’exportation de ciment en Afrique, tout en créant des emplois pour les populations locales.
Trois nouvelles cimenteries pour booster la production
- Sino Africaine (Sinafcim) : Avec une capacité de production annuelle d’un million de tonnes, cette cimenterie est actuellement en construction et emploie déjà 200 personnes, dont 90 % de Camerounais. Sa première production est prévue pour avril 2025.
- Central Africa Cement (CAC) : Opérationnelle depuis quelques mois, cette unité produit 1,5 million de tonnes par an et emploie une centaine de personnes, sur les 200 prévues à terme.
- Yousheng Cement : Située sur les rives du fleuve Dibamba, près de Douala, cette cimenterie en construction vise une capacité de production annuelle de 1,8 million de tonnes.
L’inauguration officielle de ces trois unités est prévue pour juillet 2025. Leur production combinée de 4,3 millions de tonnes portera la capacité totale du Cameroun à 12,7 millions de tonnes d’ici la fin de l’année. Cette augmentation permettra non seulement de répondre à la demande nationale, estimée à 8 millions de tonnes, mais aussi de conquérir les marchés extérieurs.

Un secteur en pleine expansion
L’arrivée de ces trois nouvelles cimenteries porte à neuf le nombre total d’unités de production au Cameroun. Cette croissance marque un tournant significatif depuis la fin du monopole des Cimenteries du Cameroun (Cimencam), filiale de Lafarge Holcim Maroc Afrique (LHMA), qui a dominé le marché pendant 48 ans avec une capacité de 2,3 millions de tonnes. L’entrée de nouveaux acteurs, tels que Dangote Cement Cameroun en 2015, a dynamisé le secteur, suivi par d’autres producteurs comme le Marocain Cimaf, le Turc Medcem, Mira Company et le Portugais Cimpor.
Défis et perspectives
Malgré l’augmentation des capacités de production, le prix du sac de ciment de 50 kg reste élevé, oscillant entre 5 100 FCFA et 5 300 FCFA dans les grandes villes comme Douala et Yaoundé. Les producteurs et le gouvernement justifient ces prix par les coûts élevés liés à l’importation du clinker, un composant essentiel dans la fabrication du ciment. Pour réduire ces coûts, des investissements supplémentaires dans la production locale de clinker pourraient être envisagés.

La visite du Pr Fuh Calistus Gentry dans le Littoral souligne l’importance stratégique de cette région dans le développement industriel du Cameroun. Avec l’arrivée de nouvelles cimenteries et l’augmentation des capacités de production, le pays se positionne comme un acteur clé dans le secteur du ciment en Afrique. Cependant, pour garantir une croissance durable et inclusive, il sera essentiel de relever les défis liés aux coûts de production et de continuer à investir dans l’emploi local et les infrastructures industrielles.