SANTE

3ème Congrès de la SOCASEIN : Unir les forces contre le cancer du sein en Afrique subsaharienne

Written by Annette Olinga

Le Cameroun a accueilli les 20 et 21 mars 2025 le 3ème Congrès de la Société Camerounaise de Sénologie et de Pathologies Mammaires (SOCASEIN). Placé sous le thème « Cancer du sein en Afrique subsaharienne : de grands défis pour de faibles ressources », cet événement a réuni des experts nationaux et internationaux pour échanger sur les enjeux liés au dépistage, à la prise en charge et au traitement de cette maladie dévastatrice.

Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent en Afrique subsaharienne, avec 129 000 nouveaux cas diagnostiqués en 2020. Il représente la première cause de décès par cancer chez les femmes, avec un taux de survie à 5 ans inférieur à 50 %, contre 90 % dans les pays développés. Au Cameroun, 4 500 nouveaux cas ont été détectés en 2022, entraînant environ 2 200 décès. Ce fléau touche principalement les femmes en zone urbaine, où l’âge moyen des patientes est de 42 ans, mais des cas sont recensés dès 18 ans.

Le Pr Julius Dohbit, expert en oncologie, a souligné que la population africaine est plus jeune et que les cancers y sont souvent plus agressifs. De plus, la prise en charge est entravée par le coût élevé des traitements, l’accès limité aux soins spécialisés et l’influence des croyances traditionnelles qui retardent le diagnostic.

Les objectifs du congrès

Le 3ème Congrès de la SOCASEIN visait à évaluer les progrès réalisés dans la recherche, les soins et les protocoles de prise en charge. L’accent a été mis sur les défis liés au dépistage précoce, au financement des soins et à l’amélioration de l’accessibilité aux traitements, notamment en zone rurale.

Le Pr Meka Ngo Um Esther, présidente de la SOCASEIN, a insisté sur l’importance de ce congrès pour sensibiliser les décideurs politiques et la société civile. « Le cancer du sein est un fléau mondial. En trente ans, le nombre annuel de nouveaux cas a presque doublé, touchant aussi bien les femmes jeunes que les plus âgées. Le taux de mortalité reste une préoccupation majeure dans nos pays, d’où la nécessité de relever les défis de sa prise en charge efficace », a-t-elle déclaré.

Un programme riche et varié

Les travaux du congrès ont débuté par des formations pré-congrès le 19 mars, axées sur les soins palliatifs, l’accompagnement des patientes et le counseling. Les deux jours suivants ont été rythmés par des conférences, des débats et des tables rondes sur des thèmes tels que les obstacles au diagnostic précoce, l’épidémiologie du cancer du sein en Afrique, les innovations en sénologie et le financement des soins.

Le Pr Jean François Meye, président du congrès et chef du département de Gynécologie-Obstétrique à la Faculté de Médecine de Libreville, a appelé à une mobilisation collective. « Nous avons face à nous une guerre que nous devons mener. Les personnes malades sont nos parents, nos concitoyens. Nous avons la responsabilité, aux côtés de nos gouvernements, d’apporter des solutions à ces personnes en situation de vulnérabilité », a-t-il affirmé.

Un appel à l’action

Le congrès a également été l’occasion de lancer un appel aux décideurs politiques et à la société civile pour améliorer le financement des soins et étendre la Couverture Santé Universelle (CSU) au Cameroun. Le Pr Louis Richard Njock, Secrétaire général du ministère camerounais de la Santé publique, a annoncé la signature de conventions avec des partenaires étrangers pour doter les régions du Centre et du Nord d’instituts de cancérologie. « Ces structures permettront une prise en charge complète, du diagnostic à la radiothérapie en passant par la chimiothérapie et la chirurgie, afin de réduire la mortalité due au cancer et de limiter les évacuations sanitaires vers l’étranger », a-t-il expliqué.

Une coopération internationale essentielle

Les participants venus du Mali, du Gabon, du Tchad et d’autres pays africains ont partagé leurs expériences et discuté des modèles à reproduire pour améliorer la prise en charge du cancer du sein. Le Pr Foumsou Lhagadang, représentant le Tchad, a souligné l’importance de la collaboration : « En partageant nos expériences, nous pouvons identifier des modèles efficaces et les mettre en pratique progressivement pour atteindre un niveau de prise en charge optimal.

Le 3ème Congrès de la SOCASEIN a marqué une étape cruciale dans la lutte contre le cancer du sein en Afrique subsaharienne. Il a permis de mettre en lumière les défis majeurs auxquels fait face la région, tout en proposant des solutions innovantes et adaptées aux ressources limitées. L’espoir réside désormais dans une mobilisation accrue des acteurs de santé, des politiques et de la société civile pour relever ensemble ces défis et améliorer la prise en charge des patientes atteintes de ce fléau.

Avec un taux de mortalité encore trop élevé et moins de cinq pays africains disposant de programmes de dépistage organisés, il est urgent d’agir pour favoriser un accès équitable aux soins et améliorer les taux de survie. La SOCASEIN, à travers ce congrès, a une fois de plus démontré son engagement en faveur d’une approche multidisciplinaire et accessible, même dans un contexte de ressources limitées.

About the author

Annette Olinga

Leave a Comment