ECONOMIE

Transparence du Marché du Cacao : Le Combat de Yaoundé à la 111ème Session de I’ICCO

Written by Annette Olinga

La capitale camerounaise est actuellement l’épicentre des discussions cruciales pour l’avenir de la filière mondiale du cacao. La 111ème session du Conseil International du Cacao (ICCO), qui se tient à Yaoundé, a été placée sous le signe d’un plaidoyer vibrant pour une chaîne de valeur durable, équitable et transparente.


Lors de la cérémonie d’ouverture officielle, ce 8 avril 2025, le ministre camerounais du Commerce, et actuel président de l’ICCO, Luc Magloire Mbarga Atangana, a exprimé un vœu fort : Que cette session marque un tournant décisif vers une industrie cacaoyère mondialement durable sur les plans économique, environnemental et social. Les maîtres mots de cette vision sont l’équité, la transparence et une profitabilité partagée entre tous les acteurs.


Conscient des attentes considérables des producteurs, de l’industrie et des consommateurs, le ministre a martelé avec conviction : « Il nous faut apporter des réponses… Il nous faut rassurer les uns et les autres. Nous n’avons pas le droit de décevoir. Nous porterions alors une lourde responsabilité devant l’histoire ».


Au cœur des préoccupations soulevées, la question cruciale de la juste rémunération des producteurs occupe une place centrale. Luc Magloire Mbarga Atangana a reconnu sans ambages que la part de seulement 7% de la valeur générée par le cacao qui revient aux producteurs, selon les estimations des experts, est « trop peu ».
Ce constat fait écho aux paroles de la Reine Mathilde de Belgique lors de la 5ème Conférence Mondiale du Cacao à Bruxelles en avril 2024. Elle avait alors souligné l’impératif de lutter contre la pauvreté des petits producteurs en assurant des prix justes et une meilleure distribution de la valeur ajoutée, des thèmes en parfaite adéquation avec les Objectifs de Développement Durable des Nations Unies.

La Reine avait insisté sur la nécessité de combler le fossé entre le revenu actuel des producteurs et un revenu décent leur permettant de satisfaire leurs besoins essentiels.
Au-delà des prix, la question de la transparence et de la prévisibilité du marché a été vivement soulevée. Le ministre Mbarga Atangana a clairement affirmé que le combat des producteurs est celui de prix justes, équitables et transparents, tout en insistant sur la préservation de l’écosystème. Il a également pointé du doigt le manque de clarté concernant les stocks détenus par l’industrie et la demande de broyage dans les pays consommateurs, qualifiant la situation d’« opacité totale ou presque ». Il s’est interrogé sur la possibilité de construire une relation de confiance entre producteurs et industriels en l’absence d’un minimum de transparence.


Face à ces défis, le président en exercice de l’ICCO a appelé à une remise en question courageuse des modèles économétriques actuels, dont la pertinence et la fiabilité sont sujettes à caution et pourraient expliquer en partie la volatilité des prix.
Les travaux de cette 111ème session, qui s’achèvent le 10 avril 2025, sont structurés autour des réunions des différentes commissions de l’ICCO. Les 51 pays membres de l’organisation sont réunis à Yaoundé ce 8 Avril, précédés par la réunion de la commission consultative sur l’économie cacaoyère le 7 avril. Le 9 avril sera consacré à la réunion du comité administratif et financier.


Le Cameroun, en tant que pays hôte, a clairement placé cette session sous le signe de la transparence du marché et de la répartition équitable de la valeur, avec l’objectif d’améliorer durablement les revenus et les conditions de vie des producteurs. La fiabilité des modèles économiques utilisés pour les prévisions de marché sera également un point central des discussions.


Dans la foulée de ces assises de l’ICCO, de nombreux participants sont attendus au Cocoa & Coffee Festival, organisé par l’interprofession cacao-café du Cameroun (CICC) du 10 au 12 avril à Yaoundé. Né de la fusion des festivals dédiés au cacao et au café, cet événement grand public vise à promouvoir les opportunités des deux filières et à encourager la consommation locale des produits camerounais.


Le message de Yaoundé est clair : Il est temps d’agir collectivement pour bâtir une chaîne de valeur mondiale du cacao qui profite équitablement à tous, en commençant par ceux qui cultivent cette précieuse matière première.

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