ECONOMIE

Cameroun : Le gouvernement rétrocède 6 tracteurs aux agropoles pour booster l’autosuffisance alimentaire

Written by Annette Olinga


Sous l’égide du Président Paul BIYA, le gouvernement a réaffirmé ce 15 Avril son engagement envers une trajectoire de développement propulsée par la Stratégie Nationale de Développement 2030 (SND30), la politique d’Import Substitution, et son bras opérationnel, le Plan Intégré d’Import Substitution Agro-pastoral et Halieutique (PIISAH). L’événement central de cette journée fut la rétrocession officielle de tracteurs et d’équipements agricoles essentiels aux membres des agropoles stratégiques dédiées à la production et à la commercialisation du maïs (Ouro Dolé, Ntui), du manioc (Batouri) et du bovin viande (Ngaoundéré).


Présidant la cérémonie, le Ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire, Monsieur Alamine Ousmane Mey, a souligné l’impératif de massifier la production agro-pastorale nationale comme pilier de la souveraineté économique, de l’autosuffisance et de la sécurité alimentaire du Cameroun. Il a explicité le rôle crucial du Programme Agropoles comme instrument privilégié pour catalyser l’investissement privé dans l’intensification de la production et de la transformation locale des produits agricoles et pastoraux à forte demande, tant pour la consommation intérieure que pour l’exportation.


Le corollaire direct de cette action réside dans la réduction significative de l’empreinte des importations alimentaires sur notre balance commerciale, un facteur déterminant pour la préservation de notre stabilité monétaire,” a déclaré le Ministre Mey, insistant sur la synergie interministérielle, notamment avec le Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural (MINADER) et le Ministère de l’Élevage, des Pêches et des Industries Animales (MINEPIA), dans la mise en œuvre de cette politique ambitieuse.


Les agropoles bénéficiaires, stratégiquement implantées dans les régions du Centre (Ntui, Mbam et Kim), du Nord (Ouro Dolé, Poli), de l’Est (Batouri, Kadey) et de l’Adamaoua (Ngaoundéré, Vina), ont déjà bénéficié d’une allocation substantielle de ressources techniques et financières inscrites au budget d’investissement de l’exercice 2024. Les efforts initiaux ont porté sur l’aménagement de vastes étendues de terres (100 hectares en cours à Ntui) et le lancement de la construction d’une dizaine d’étables modernes dans les arrondissements de Ngaoundéré Ier et IIème, ainsi qu’à Nganha. La dynamique se poursuivra en 2025 et 2026 avec la consolidation de ces infrastructures.


Face aux défis techniques et financiers inhérents à l’aménagement des zones de culture et d’élevage, l’arrivée des six tracteurs neufs de 100 chevaux-vapeur chacun, assortis d’équipements aratoires d’une valeur totale de 180 millions de FCFA, représente un catalyseur majeur pour l’expansion des superficies cultivables dans le Mbam et Kim et la Vina. Le Ministre a également précisé que les conducteurs de ces engins ont déjà reçu une formation adéquate, gage de la durabilité de cet investissement.


L’événement a été salué par les acteurs du terrain comme un jalon important pour le Programme Agropoles. Yanko Mbiatat Rodrigue, représentant l’agropole de production, de transformation et de commercialisation du maïs de Ntui, a exprimé son optimisme quant à l’impact de cette mécanisation : “Avec ces machines, nous pouvons désormais labourer jusqu’à dix hectares par jour, contre un ou deux hectares auparavant. Nous anticipons une production de 500 à 600 tonnes de maïs par hectare et avons déjà signé un contrat substantiel de 4 milliards de FCFA avec le groupe brassicole Kadji pour la fourniture de 12 à 15 mille tonnes de maïs. Une commande de plus de 10 mille tonnes de soja, d’une valeur de 30 milliards de FCFA, a également été passée par une société d’extraction d’huile basée à Douala.

Yanko Mbiatat Rodrigue


Le coordonnateur national des programmes agropoles, Ngo’o Bitomo Adrian, a mis en lumière la stratégie de zonage agroécologique adoptée pour optimiser la production par région : le Nord privilégiant l’élevage, les céréales et les légumineuses ; le Centre-Sud-Est (hors littoral) se concentrant sur les racines, tubercules et l’élevage piscicole ; et les basses terres (Littoral et Sud-Ouest) axées sur l’élevage piscicole et la culture du palmier à huile, avec l’objectif de réduire la déforestation grâce à des cultures alternatives comme le tournesol.

Le Minepat a également rappelé les trois objectifs fondamentaux du Programme Agropoles : établir un cadre dynamique de soutien aux entreprises de production, de transformation et de commercialisation agroalimentaire ; accroître quantitativement et qualitativement la production dans les secteurs agricole, pastoral, halieutique et forestier ; et améliorer l’emploi et les revenus des jeunes en milieu rural, contribuant ainsi à inverser la balance commerciale.

Ngo’o Bitomo Adrian

Il a exhorté les opérateurs économiques et les jeunes à s’engager activement dans ces filières porteuses. Le Ministre a souligné la détermination du gouvernement à impulser une transformation structurelle profonde de l’économie camerounaise, insistant sur le rôle catalyseur de la synergie public-privé dans la modernisation du secteur agricole face aux défis nationaux et internationaux. Il a affirmé que l’agriculture moderne et mécanisée est la voie vers une croissance durable, une prospérité partagée, la création d’emplois et un développement inclusif, plaçant de grandes attentes sur les agropoles comme acteurs clés de cette ambition nationale.

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