ECONOMIE

L’Afrique se dresse contre le crime financier : un appel à l’action retentissant à Yaoundé

Written by Annette Olinga

Les 17 et 18 avril 2025 ont marqué un tournant potentiellement décisif dans la lutte contre le crime financier en Afrique. Le premier Forum Panafricain des Cellules de Renseignement Financier (CRF) de l’IICFIP (Institut International Certifié des Professionnels en Investigation Financière) s’est tenu dans la capitale camerounaise, sous l’égide du Dr. Linus Enobi Akere, co-fondateur de l’IICFIP et de son académie. Loin d’être une simple conférence, cet événement a résonné comme une déclaration de guerre contre l’hémorragie financière qui mine le continent.


Devant un parterre de personnalités incluant des ministres, des représentants d’organismes financiers régionaux et mondiaux, des directeurs de CRF et des partenaires au développement, le Dr. Akere a lancé un appel vibrant à l’action. Il a souligné l’ampleur stupéfiante des pertes subies par l’Afrique, estimées à 88,6 milliards de dollars par an en raison des flux financiers illicites – un montant supérieur au budget annuel de l’Union Africaine et à l’aide étrangère reçue. “Et pourtant on nous dit que nous sommes pauvres?”, s’est indigné le Dr. Akere, mettant en lumière le paradoxe d’un continent riche en ressources mais constamment appauvri par la criminalité financière.


Le co-fondateur de l’IICFIP a insisté sur l’urgence de la situation, qualifiant le forum non pas de “salon de discussions mais un conseil de guerre”. Il a dénoncé les pratiques commerciales opaques, notamment l’insistance de certaines entreprises étrangères sur les transactions en espèces, créant un “terrain fertile pour le blanchiment d’argent, l’évasion fiscale et les activités illicites”. Il a également soulevé la question délicate de l’exploitation croissante des ONG et même de certaines institutions religieuses comme vecteurs de flux financiers illicites et de financement du terrorisme, soulignant la nécessité de contrôles plus rigoureux.


Un exemple frappant de la vulnérabilité des systèmes a été mis en lumière par le Dr. Akere, évoquant les délais de vérification des diplômes dans la fonction publique camerounaise, permettant à des candidats fraudeurs d’intégrer des postes avant d’être démasqués. Cette situation souligne l’impérative d’un système de vérification en temps réel, ancré dans la traçabilité numérique et des institutions de contrôle fiables, rôle que peuvent jouer les professionnels certifiés en investigation judiciaire et des partenaires comme Background Check International (BCI).
Face à cette réalité alarmante, le Dr. Akere a plaidé pour un “grand virage”, appelant l’Afrique à reprendre la maîtrise de son renseignement financier. Il a esquissé une vision pour une nouvelle architecture du renseignement financier africain, articulée autour de cinq réformes urgentes : l’autonomie institutionnelle des CRF, l’adoption de l’analytique basée sur l’IA et la blockchain, la création d’un réseau panafricain de CRF, l’établissement d’un tribunal spécialisé en crimes financiers, et le rôle central de l’Académie IICFIP comme pilier de formation.


C’est dans cet esprit qu’a été officiellement lancée l’Académie IICFIP, présentée comme la “réponse africaine à des décennies de dépendance extérieure”. Cette institution unique se consacrera à la formation de haut niveau en investigation judiciaire, renseignement financier, cybersécurité et lutte contre le blanchiment d’argent, avec l’ambition de former la prochaine génération de professionnels africains dans ces domaines cruciaux.


Le Dr. Akere a également mis en lumière les défis posés par la montée des cryptomonnaies et des plateformes de paiement mobile, insistant sur la nécessité pour les CRF de se doter d’unités spécialisées et de réglementer les fournisseurs de services d’actifs virtuels. L’Académie IICFIP se positionne comme un acteur clé pour accompagner cette transition grâce à ses programmes certifiés et son corps professoral expérimenté.


L’appel à l’action du Dr. Akere s’est concrétisé par une série d’étapes incontournables : légiférer l’autonomie des CRF, créer une base de données panafricaine de renseignement, impliquer activement le secteur privé, investir dans l’IA et la blockchain, et renforcer les partenariats internationaux.


Regardant vers l’avenir, le Dr. Akere a souligné l’importance cruciale d’impliquer la jeunesse africaine dans l’agenda d’intégrité financière. C’est dans cette optique qu’a été annoncé le lancement du Congrès Africain de la Jeunesse pour la Prévention du Crime Financier (AYCFCP), un mouvement continental visant à éduquer, mobiliser et autonomiser la jeunesse. La première édition de ce congrès se tiendra en août 2025, et un appel à candidatures a été lancé aux CRF nationales pour accueillir cet événement historique.


Le discours du Dr. Linus Enobi Akere au premier Forum Panafricain des CRF de l’IICFIP a résonné comme un cri de ralliement. Il a mis en lumière l’urgence de la situation, dénoncé les pratiques néfastes et esquissé une feuille de route ambitieuse pour que l’Afrique prenne enfin son destin financier en main. L’histoire retiendra, comme l’a si justement souligné le Dr. Akere, ce que le continent aura fait face à cette hémorragie qui freine son développement et compromet l’avenir de ses populations. L’heure n’est plus aux paroles, mais à une action collective et déterminée.

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