ENVIRONNEMENT

Vers un cadre de Référence: Le Cameroun engage une réflexion sur les Droits Humains et les activités des entreprises

Written by Annette Olinga

Du 29 au 30 avril 2025, un atelier s’est tenu à l’Hôtel Dajoll de Mbankomo, réunissant des acteurs clés à savoir les pouvoirs publics, le secteur privé, la société civile, les syndicats et les communautés locales. L’objectif principal de cette concertation était de définir les secteurs prioritaires qui feront l’objet d’une évaluation de référence en matière de droits de l’homme et d’activités des entreprises dans le pays.


Cette initiative fait suite à un dialogue sous-régional important organisé le 22 juin 2023 à Douala, par le Centre des Nations Unies pour les Droits de l’Homme et la Démocratie en Afrique Centrale (CNUDHAF), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Réseau des institutions nationales africaines des droits de l’homme (NANHRI), la coopération allemande (GIZ) et l’Union africaine (UA). Ce précédent événement avait rassemblé des représentants des États membres de la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC) afin de promouvoir l’élaboration et la mise en œuvre de plans d’action nationaux (PAN) sur les entreprises et les droits de l’homme.


Lors de cet atelier préparatoire, le Cameroun avait souligné la nécessité d’une évaluation de référence pour identifier les opportunités, les enjeux et les défis liés aux impacts des activités des entreprises sur les droits humains. Cette évaluation est perçue comme un outil stratégique essentiel pour orienter les actions du Cameroun vers une économie plus respectueuse des droits fondamentaux et constitue un point de départ indispensable pour toute réforme visant à intégrer les Principes Directeurs des Nations Unies relatifs aux Entreprises et aux Droits de l’Homme dans les pratiques nationales.


Le récent atelier de Mbankomo avait pour objectifs spécifiques de :

  • Identifier et analyser les secteurs d’activités économiques présentant des risques significatifs d’atteintes aux droits de l’homme, afin de cibler les domaines prioritaires pour la mise en œuvre des Principes directeurs.
  • Renforcer les capacités des participants sur les Principes directeurs relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme.
  • Recueillir les orientations et avis des différentes parties prenantes sur le contenu de l’évaluation de référence, en vue de finaliser les Termes de Référence (TdR) de cette étude.
  • Le ministre délégué auprès du ministre de la justice, Jean de Dieu Momo, a insisté sur la responsabilité collective du respect des droits de l’homme, soulignant que cela ne concerne pas uniquement le ministère de la Justice ou le gouvernement, mais également les entreprises et les industries. Il a appelé les chefs d’entreprise à la vigilance et a rappelé le rôle de l’État dans la répression des entreprises qui s’écartent du droit chemin. Il s’est félicité de la présence des représentants du Groupement des Entreprises du Cameroun (GECAM), espérant une diffusion de ces principes auprès de leurs membres.

  • Le directeur du Centre des Nations Unies pour les droits de l’homme et la démocratie en Afrique centrale (CNUDHAF), Nouhou Sangaré, a quant à lui rappelé la fierté du Cameroun pour son leadership dans ce domaine, évoquant notamment l’organisation réussie du dialogue sous-régional de juin 2023. Il a souligné que la rencontre actuelle marquait une étape importante dans l’engagement continu du Cameroun sur ces questions.

  • Sous la présidence de Jean de Dieu Momo et en présence de Nouhoum Sangaré, les participants ont examiné attentivement les secteurs d’activité où les violations des droits de l’homme sont les plus fréquentes. L’exploitation des travailleurs a été identifiée comme une préoccupation majeure, avec des cas de conditions de travail déplorables, de rémunérations insuffisantes et d’horaires excessifs. Le travail des enfants, en particulier dans l’agriculture et l’exploitation minière, a également été souligné comme une violation grave des droits fondamentaux.
    Les questions environnementales ont occupé une place centrale dans les discussions, avec des critiques adressées à des entreprises pour la pollution des ressources en eau et la destruction de terres ancestrales, mettant en péril les droits des communautés locales. La nécessité de pratiques durables et respectueuses de l’environnement a été fortement soulignée.

  • Par ailleurs, les participants ont abordé la question de la protection des données personnelles, suite à des accusations de collecte sans consentement explicite. L’importance d’une régulation stricte dans ce domaine a fait consensus.
    Les discussions ont permis d’évaluer les risques liés aux droits de l’homme dans divers secteurs et d’identifier des mesures pour renforcer la capacité des entreprises à respecter les Principes Directeurs des Nations Unies. Les avis des différentes parties prenantes ont été recueillis afin de finaliser les termes de référence de l’étude de référence à venir.

  • Nouhou Sangaré a rappelé que les Principes Directeurs reposent sur trois piliers fondamentaux : l’obligation de l’État de protéger les droits de l’homme, la responsabilité des entreprises de les respecter et l’accès à des recours effectifs pour les victimes.

  • Sa Majesté Mvondo Bruno, porte-parole du Conseil National des Chefs Traditionnels du Cameroun, a souligné l’existence d’un corpus de textes réglementaires pour la protection des droits de l’homme, mais a déploré leur manque de connaissance par le grand public et les communautés. Il a insisté sur la nécessité d’un dispositif de communication et d’accompagnement en termes de formation et de suivi sur le terrain. Il a également mis en lumière les difficultés rencontrées par les communautés pour faire valoir leurs droits face aux nuisances environnementales et sonores, soulignant le besoin d’un accompagnement juridique et financier pour engager des actions en justice et prouver scientifiquement les préjudices subis.

  • Cet atelier marque l’engagement du Cameroun à aligner ses pratiques économiques avec les normes internationales en matière de droits de l’homme et de responsabilité des entreprises. L’évaluation de référence qui découlera de ces discussions devrait fournir une feuille de route essentielle pour des actions futures visant à garantir un environnement commercial plus juste et respectueux des droits de tous.

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