Les festivités marquant le cinquantenaire de l’Ordre National des Architectes du Cameroun (ONAC) se sont ouverts ce 05 Mai 2025 au palais des congrès de Yaoundé. Cet événement d’envergure se veut une plateforme de réflexion sur le passé, le présent et l’avenir d’une profession indispensable au développement harmonieux du pays. La cérémonie d’ouverture était présidée par la ministre de l’habitat et du développement urbain célestine Ketcha Courtes.
Pour le président de l’ONAC, Jean Christophe Ndongo, ce jubilé est l’occasion de dresser un bilan lucide : “On essaie de faire beaucoup, il y a encore pas mal de choses à faire. On s’est déjà reconnu en tant qu’architecte.” Il a rappelé avec force l’impératif du respect de la loi de 1975, modifiée en 1990, qui stipule que nul ne peut exercer la profession sans être inscrit à l’Ordre. “C’est un combat que nous menons quotidiennement. Il faut que les pouvoirs publics la respectent. Lorsqu’on lance des appels d’offre pour des études architecturales et techniques, on interroge les cabinets d’architecture qui sont les seuls à pouvoir faire des études architecturales.”

M. Ndongo a également souligné l’évolution de la profession, marquée par une période difficile suite à la crise économique de 1982, mais aussi par un retour en force des architectes et leur implication dans de grands projets. La tenue des états généraux sur la gestion des déchets urbains, du 6 au 7 mai, est perçue comme une opportunité pour l’ONAC de faire valoir son expertise : “Nous avons fait de grosses contributions, nous devons être toujours consultés pour tout ce qui est architecture et urbanisme.”
Le thème de cette semaine de célébration, “bilan, défis et perspectives”, sera exploré à travers une série de conférences, de séminaires et de formations animées par de nombreux architectes. Le point culminant de cet événement sera la prestation de serment de 165 nouveaux architectes le 10 mai, un signe encourageant pour l’avenir de la profession. Cette journée sera également marquée par la remise d’awards aux 50 premiers architectes inscrits à l’Ordre, ainsi qu’aux anciens présidents et à la première femme architecte inscrite. Une soirée de gala clôturera cette semaine mémorable.

La ministre de l’Habitat, Célestine Ketcha Courtès, a exprimé son plaisir d’ouvrir cette célébration et de signer une convention avec l’ONAC visant à “redéfinir les bases d’une collaboration et de l’accompagnement du gouvernement“. Elle a souligné que “l’histoire de l’Ordre rime avec l’histoire du Cameroun” et a salué les actions menées par l’ONAC pour se rendre visible et jouer un rôle dans la restructuration et la rénovation des quartiers précaires. La ministre a insisté sur la nécessité pour les architectes, les ingénieurs et les urbanistes de “jouer leur partition dans le développement durable vu par le Président de la République“. Elle a également mis en avant l’importance de l’implication des professionnels dans les états généraux sur la gestion des déchets urbains, soulignant que “les villes durablement développées sont des villes débarrassées des ordures”. Mme Ketcha Courtès a conclu en affirmant sa volonté d’inscrire un “nouvel élan” pour que l’Ordre des architectes prenne “toute sa place dans les grands projets de développement durable”.

Le programme de la semaine s’annonce riche et varié. La journée d’ouverture du lundi 5 mai a été marquée par des conférences sur le patrimoine, coïncidant avec la Journée mondiale du patrimoine africain. Les jours suivants seront consacrés à la poursuite de ces conférences, à un sommet africain des ambassadeurs juniors et à des portes ouvertes. Le mercredi 7 mai sera dédié aux échanges internationaux, avec une matinée spéciale consacrée à l’Italie et à des rencontres B2B entre entreprises italiennes et camerounaises. Les jeudi 8 et vendredi 9 mai seront axés sur des laboratoires thématiques (bilan, défis et perspectives) et des conférences spéciales.
Au-delà des festivités, ce cinquantenaire est l’occasion d’un bilan exhaustif des actions menées par l’ONAC depuis sa création officielle en décembre 1975, dont les racines remontent à 1962. Des ateliers et des groupes de travail se pencheront sur les réussites et les défis rencontrés durant ces cinq décennies. Pour les 50 prochaines années, l’ONAC ambitionne de devenir un ordre fort, avec des architectes compétents, présents et consultés au sein des différentes structures décisionnelles. L’évolution technologique, notamment l’intelligence artificielle, est perçue comme un défi et une opportunité. L’objectif est de minimiser l’exercice illégal, d’assurer une juste rémunération aux architectes et de voir leur contribution pleinement reconnue par les pouvoirs publics. Le président Ndongo a d’ailleurs déploré le manque de reconnaissance actuel et a insisté sur la nécessité de voir les architectes signer leurs œuvres.
Les chiffres clés de la profession témoignent de son évolution : 663 architectes ont été inscrits au tableau de l’Ordre depuis 1962, dont 423 sont en activité en 2024, avec une représentation féminine de 14,42%. L’arrivée prochaine de 165 nouveaux diplômés et le recensement de 81 cabinets d’architecture témoignent d’une profession en pleine croissance.

Ce cinquantenaire s’annonce ainsi comme un moment charnière, marquant une volonté affirmée de la profession de jouer un rôle moteur dans le développement d’un environnement bâti de qualité, respectueux de l’identité culturelle et des impératifs de durabilité. L’événement sera également l’occasion de mettre en lumière des bâtiments emblématiques et les architectes qui les ont conçus, et de sensibiliser le public à l’importance de l’architecture et de l’urbanisme dans le développement du Cameroun.
Thématiques abordées durant la semaine :
- Le cadre législatif et le renforcement de la loi sur le patrimoine.
- La question de l’architecture militaire en ruine dans les chefferies Tikar.
- Les enjeux des études environnementales pour la préservation du patrimoine architectural.
- Le rôle des archives dans la conservation et la valorisation du patrimoine architectural camerounais.
- La préservation des édifices coloniaux allemands au Cameroun.
- L’architecture vernaculaire comme source d’inspiration pour les villes durables.
- L’architecture des camps des plantations coloniales et la discrimination sociale.
- La valorisation du patrimoine endogène.
- Le Cameroun comme carrefour des architectures vernaculaires subsahariennes.
- La préservation et la valorisation du patrimoine architectural par l’information, l’éducation et la communication.
- Les exodes et mutations des habitats traditionnels et le nouveau vernaculaire.
Ce riche programme témoigne de la vitalité de la profession et de sa volonté de se projeter avec ambition dans les défis futurs de l’aménagement du territoire camerounais.