Face à la menace croissante de la désinformation, de la mésinformation et des discours de haine, particulièrement à l’approche de l’élection présidentielle de 2025, le Cameroun prend des mesures proactives. Le Centre des Nations Unies pour les droits de l’homme et la démocratie en Afrique centrale (CNUDHD-AC), en collaboration avec l’UNESCO, Civic Watch, Local Youth Corner et WILPF, organise les 14 et 15 mai 2025 à l’hôtel Mont Febé de Yaoundé des Consultations nationales des parties prenantes sur la désinformation, la mésinformation et les discours de haine au Cameroun.
Cette importante rencontre réunit divers acteurs nationaux, notamment des représentants institutionnels, de la société civile et des médias, dans le but de mettre en commun leur expertise et de forger une réponse coordonnée et efficace à ces phénomènes pernicieux. L’objectif principal est de renforcer la collaboration et la coordination entre ces différentes parties prenantes, en particulier dans le contexte sensible des élections.
Le Dr Lauvent Akobi, représentant du directeur du CNUDHD-AC, a souligné l’urgence de la situation : “Les discours de haine sont un problème mondial, et au Cameroun, ce sont des problèmes qu’il faut adresser. Le cadre institutionnel et légal est bon, mais les discours de haine persistent. C’est pourquoi il est crucial de nous unir pour accompagner l’État dans sa démarche proactive. La sous-région Afrique centrale et le monde entier observent le Cameroun, qui doit une fois de plus montrer l’exemple.” Il a également exprimé sa confiance dans l’issue de ces consultations, anticipant des solutions concertées.

Présidant la cérémonie d’ouverture, Félix Zogo, secrétaire général du ministère de la communication et représentant du ministre René Emmanuel Sadi, a insisté sur la nécessité d’un engagement collectif : “Nous devons réunir nos efforts et nos forces. C’est une œuvre qui doit engager tous les acteurs – politiques, institutionnels, les médias, la société civile – pour capitaliser les bonnes volontés et barrer la route à ces phénomènes dangereux pour la paix sociale, l’éthique et le vivre ensemble dans notre pays.” Il a mis en lumière le rôle crucial du ministère de la communication dans la sensibilisation et la responsabilisation des médias, rappelant l’existence de sanctions prévues par la loi, notamment le code pénal et la loi sur la cybersécurité et la cybercriminalité.

Il a également mentionné le rôle des organes de régulation tels que le Conseil national de la communication et l’Agence nationale des technologies de l’information et de la communication (ANTIC) dans la surveillance des médias classiques et électroniques, y compris les réseaux sociaux, insistant sur le fait que ces espaces ne sont pas des zones de non-droit.
Cette initiative camerounaise s’inscrit dans une dynamique régionale. La lutte contre les discours de haine est une priorité en Afrique centrale, comme en témoigne la pré-validation en janvier 2024 à Bangui par les ministres de la communication de la CEEAC d’une stratégie régionale et d’un plan d’action contre ces discours.

Ce document, qui devrait être approuvé par les chefs d’État, vise à assurer une approche cohérente et efficace à travers le partage de bonnes pratiques, de ressources et d’expertise.
La rencontre de consultation à Yaoundé ambitionne ainsi de promouvoir une approche collaborative entre les acteurs clés au Cameroun afin de contrer la désinformation, la mésinformation et les discours de haine, contribuant ainsi à la cohésion sociale et à l’intégrité démocratique.

Un événement de haut niveau est prévu à la suite de ces consultations, le 18 juin 2025 à Yaoundé, en marge de la Journée internationale contre les discours de haine, signalant l’engagement continu du Cameroun dans cette lutte essentielle.