ECONOMIE

Le Cameroun sur le point de nationaliser Eneo : Une victoire pour l’idée du Parti Écologique

Written by Annette Olinga

Ce qui n’était qu’une proposition audacieuse émise par le président du Parti Écologique du Cameroun ( PEC) Eric Ngueguim est aujourd’hui sur le point de devenir une réalité. Le gouvernement de la République du Cameroun a en effet accepté le principe de la nationalisation d’Eneo, la société de distribution de l’électricité, une initiative portée avec ferveur par le président du PEC, Éric Ngueguim, pour rendre au Cameroun sa souveraineté énergétique et ainsi stimuler son développement industriel.


L’idée, qualifiée de “solution” par le PEC, a gagné du terrain après qu’Éric Ngueguim, candidat déclaré à la présidentielle 2025 au Cameroun, ait publiquement affirmé, lors d’un entretien télévisé, que la nationalisation d’Eneo serait la première réforme qu’il entreprendrait s’il était élu président. Pour lui, l’énergie est un secteur régalien, une fonction essentielle de l’État. “On ne peut pas privatiser l’énergie, si on le fait, on a privatisé le développement d’un pays”, avait-il martelé, insistant sur le fait que la nationalisation serait un “acte fort” pour que le Cameroun “retrouve sa souveraineté énergétique“.


Le Cameroun possède un potentiel énergétique renouvelable colossal, avec des ressources en biomasse, solaire, éolien (y compris l’éolien offshore). Ce “mix énergétique” diversifié, comme l’a souligné Éric Ngueguim, fait du Cameroun l’un des rares pays au monde capable de développer toutes ces formes d’énergie. Il est donc inconcevable, selon le leader du PEC, que les Camerounais manquent d’énergie au vu de ce potentiel.


Actis cède ses parts : Le chemin vers une souveraineté énergétique accrue


L’engagement du gouvernement s’est concrétisé récemment avec l’accord de principe du fonds d’investissement britannique Actis de céder sa participation majoritaire (51 %) dans Eneo à l’État du Cameroun pour 78 milliards de FCFA (environ 119 millions d’euros). Si cette transaction aboutit, la part de l’État camerounais dans le capital d’Eneo passera à 95 %, les 5 % restants étant détenus par le personnel. Cet accord marque l’épilogue d’un dossier complexe, jalonné de tensions tant sur les aspects financiers que sur la gouvernance de l’entreprise.
Dans une lettre datée du 22 mai 2025, David Alderton, négociateur en chef pour Actis, a confirmé l’accord de principe, tout en posant des conditions strictes, notamment le règlement intégral des paiements dus par Eneo à Actis avant la finalisation de la transaction. Ces sommes, liées à des investissements sur le réseau de transport électrique, font actuellement l’objet d’un contentieux devant la Chambre de commerce internationale (CCI) à Paris.


Les autorités camerounaises étaient initialement divisées sur le montant à proposer pour ce rachat. Tandis que le Comité interministériel, sous la houlette du ministre des Finances, Louis Paul Motaze, suggérait jusqu’à 80 milliards de FCFA (sur la base d’une évaluation de KPMG), certains responsables au sein de la présidence militaient pour un montant inférieur, autour de 45 milliards de FCFA, arguant des griefs accumulés contre Eneo pour des facturations abusives. “Les ménages ont assez payé”, avait confié une source proche du Palais, justifiant cette position.


L’équipe technique camerounaise, dirigée par Aminou Bassoro et conseillée par le cabinet Chazai Wamba, a mené les négociations sous l’autorité du Comité interministériel. De son côté, Actis était conseillé par le cabinet Amadagana & Partners et la société Financia Capital.
La finalisation de cette transaction est désormais suspendue à l’approbation du président Paul Biya. Une fois les derniers points techniques et financiers éclaircis, notamment la gestion des passifs contestés, cette opération pourrait redéfinir en profondeur la stratégie énergétique du Cameroun, offrant de nouvelles perspectives pour garantir une fourniture d’électricité stable à sa population et à ses entreprises.


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