SOCIETE

Les JERSIC 2025 : Un pari réussi pour l’industrialisation endogène

Written by Annette Olinga

La 9ème édition des Journées d’Excellence de la Recherche Scientifique et de l’Innovation (JERSIC 2025), officiellement ouverte le 15 juillet et qui vient de s’achever à Yaoundé, a tenu toutes ses promesses. Placées sous le signe de l’innovation locale et de l’industrialisation endogène, ces journées ont démontré le potentiel de la recherche scientifique camerounaise à transformer en profondeur l’économie nationale, en parfaite adéquation avec la Stratégie Nationale de Développement 2030 (SND30).


Le thème central de cette édition, “De la recherche scientifique à l’industrialisation endogène pour une transformation structurelle de l’économie du Cameroun“, a résonné comme un véritable appel à l’action pour toute la communauté nationale. Loin des expositions purement théoriques, les JERSIC 2025 ont offert une expérience tangible de la science en action.


Quand la Science Se Touche et Se Goûte : L’Agro-Industrie en Pointe


Au cœur de l’événement, les stands de l’Institut de Recherche Agricole pour le Développement (IRAD) ont attiré une foule enthousiaste. Le manioc, la patate douce, le maïs et la banane plantain, grâce à la science, ont transcendé leur statut de denrées brutes pour devenir des produits transformés à forte valeur ajoutée : farines, amidons, gâteaux et même pâtes alimentaires. Alain Christian Misse, chef de section de la culture annuelle et semi-annuelle à l’IRAD, a souligné l’importance de ces innovations pour la politique de substitution aux importations du gouvernement.


Un exemple frappant de cette dynamique est la réduction de la dépendance au blé pour la panification. “Ce n’est que le pain qui est encore un peu dépendant du blé. Mais aujourd’hui, on peut y incorporer jusqu’à 25% de farines locales”, a précisé M. Misse. Le manioc, produit stratégique par excellence, a été présenté dans ses diverses variétés, du “94” idéal pour la consommation directe au “419” parfait pour la transformation industrielle, permettant aux visiteurs de comprendre leurs spécificités et usages.


Une autre percée majeure a été la présentation du blé camerounais. Le Dr. Pauline Mounjouenpou, directrice de recherche à l’IRAD, a mis en avant la variété B100, cultivée à Garoua. Pain, semoule, pâtes, gâteaux… tous ces produits, élaborés à partir de ce céréale 100 % local, ont démontré le potentiel de culture du blé dans les dix régions du Cameroun. Une innovation supplémentaire : les tiges de blé ont été valorisées pour fabriquer des pailles biodégradables, illustrant une approche holistique de la recherche.


L’Effervescence de l’Innovation “Made in Cameroon”


Plus d’une centaine d’entreprises et d’institutions locales ont investi l’esplanade de l’Hôtel de Ville de Yaoundé, transformant le site en un véritable laboratoire à ciel ouvert. Des stands et des démonstrations couvrant des secteurs variés tels que les technologies, le BTP, l’aviculture et l’élevage ont témoigné de la vitalité de l’écosystème innovant camerounais. Universités, startups, centres technologiques et inventeurs indépendants ont présenté des solutions concrètes dans des domaines allant de l’agro-industrie à la fabrication locale et au financement de l’innovation. Cette effervescence a clairement mis en lumière la volonté du Cameroun de réduire sa dépendance aux importations, conformément à la politique gouvernementale impulsée depuis 2021. Des sessions plénières et des ateliers thématiques, dont un dédié à l’intelligence artificielle appliquée à l’industrie 4.0, ont rythmé l’événement.


La Diplomatie Scientifique et l’Horizon 2030
Au-delà des frontières nationales, les JERSIC 2025 ont également souligné l’ambitieuse diplomatie scientifique du Cameroun. Les collaborations avec des pays comme la France, la Chine, l’Allemagne, la Belgique et le Maroc, offrant des programmes de mobilité et l’accès à des équipements de pointe pour les jeunes chercheurs, témoignent de cette ouverture. “Chaque chercheur formé à l’international qui revient élève le niveau de notre science locale”, a souligné la ministre, insistant sur l’enrichissement mutuel de ces partenariats.
Lancée en 2007, la plateforme des JERSIC s’affirme plus que jamais comme la vitrine du savoir scientifique national et un incubateur essentiel pour un développement fondé sur les compétences locales. Cette édition 2025, en particulier, marque un pas décisif vers la réalisation des ambitions de la SND30, qui place résolument la recherche au cœur de la transformation économique du Cameroun. Les JERSIC 2025 s’achèvent donc sur un bilan positif, augurant d’un avenir prometteur pour la science et l’innovation au service du développement durable du pays.

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