SOCIETE

Cameroun: Quels sont les intérêts en jeu dans le retard de la distribution du carburant par la SCDP ?

Written by Annette Olinga

Depuis le début du mois de décembre 2023, les automobilistes camerounais font face à une pénurie de carburant dans plusieurs stations-service du pays, notamment à Yaoundé, la capitale. Cette situation suscite la colère et l’incompréhension des consommateurs, qui s’interrogent sur les raisons de cette crise.

La Société Camerounaise des Dépôts Pétroliers (SCDP) est une entreprise publique qui assure le stockage et la distribution des produits pétroliers raffinés au Cameroun. Elle dispose de plusieurs dépôts répartis sur le territoire national, dont le plus important est celui de Nsam, à Yaoundé, qui approvisionne les régions du Centre et du Sud.

Quelles sont les causes de la pénurie ?

Selon la SCDP, la pénurie de carburant n’est pas due à un manque de produits, mais à un problème logistique.

Quelles sont les mesures prises par la SCDP ?

Face à cette situation, la SCDP assure avoir mis en place des mesures pour accélérer la distribution des produits pétroliers et rétablir la situation à la normale. Parmi ces mesures, on peut citer :

  • L’augmentation de la capacité de stockage du dépôt de Nsam, grâce à la mise en service d’un nouveau bac de 10.000 m3, qui permet à la SCDP d’assurer près de 26 jours de stocks dans les régions du Centre et du Sud.
  • L’optimisation du transport des produits par camions-citernes, en renforçant la sécurité et la fluidité du trafic, en collaboration avec les autorités administratives et les forces de l’ordre.
  • La diversification des sources d’approvisionnement, en recourant à des importations parallèles auprès d’autres fournisseurs, en plus de la Société Nationale de Raffinage (SONARA), qui est le principal producteur de produits pétroliers au Cameroun.

Ce qui cloche

En effet, la SCDP affirme avoir reçu sept navires depuis le 10 Décembre, avec 118.000 m3 de carburant super qui ont accosté aux ports de Douala et de Limbé.Il est à relever qu’un 7 ème navire a également accosté au port de Limbé avec une cargaison de 30.000 m3 de carburant super. Il a été précédé par le Dilesi,un navire contenant 15.000 m3 du même produit. Un 8ème navire contenant 22.000 m3 de super est attendu au port de Douala. Ce qui représente un stock suffisant pour couvrir les besoins du pays pendant plusieurs semaines. Malheureusement la pénurie persiste toujours depuis plusieurs semaines déja.

Même si la SCDP reconnaît avoir rencontré des difficultés pour acheminer les produits des ports vers les dépôts, en raison de la vétusté des infrastructures routières et ferroviaires, ainsi que de la congestion du trafic. Ces contraintes ont entraîné des retards dans les livraisons aux stations-service, qui ont été amplifiés par une demande accrue des consommateurs, craignant une rupture de stock.

La SCDP joue donc un rôle clé dans le secteur énergétique au Cameroun, qui est confronté à des défis majeurs tels que la pénurie de carburant, la hausse des prix, la fraude, la contrebande, la qualité des produits, et la dépendance aux importations. La SCDP est ainsi au centre d’un jeu d’intérêts entre les différents acteurs impliqués dans la chaîne logistique des produits pétroliers, notamment :
Les importateurs, qui sont chargés d’approvisionner le pays en produits pétroliers à partir des traders internationaux, et qui doivent faire face aux fluctuations du marché mondial, aux contraintes financières, et aux exigences des autorités12.
Les marketeurs, qui sont les distributeurs des produits pétroliers sur le marché national, et qui doivent s’adapter à la demande des consommateurs, aux contraintes de transport, et à la concurrence des acteurs informels.
Les consommateurs, qui sont les utilisateurs finaux des produits pétroliers, et qui subissent les conséquences de la rareté du carburant, de la hausse des prix, et de la qualité médiocre des produits.
L’Etat, qui est le régulateur du secteur énergétique, et qui doit assurer la sécurité énergétique du pays, la protection de l’environnement, la maîtrise des prix, et la lutte contre la fraude et la contrebande.

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