SOCIETE

CNUDHD-AC-Cameroun : Une trentaine de participants réunis à Mbalmayo pour Forger le Plan d’Action “Entreprises et Droits de l’Homme”

Written by Annette Olinga

Du 8 au 9 octobre 2025, un atelier crucial se tient à Mbalmayo , marquant la culmination de l’Évaluation de Référence sur les droits de l’homme et les entreprises. Organisée conjointement par le Centre des Nations Unies pour les Droits de l’Homme et la Démocratie en Afrique Centrale (CNUDHD-AC) et le Gouvernement du Cameroun, cette rencontre visait à décortiquer l’état actuel des pratiques du secteur privé face aux Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme.



Les travaux ont été officiellement ouverts le 8 octobre par Nouhoum Sangaré, Représentant Régional du Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme (HCDH) et Directeur du CNUDHD-AC. L’enjeu de cette évaluation, lancée en juillet 2025, est de taille : mesurer le niveau d’intégration de ces Principes directeurs dans le tissu économique camerounais. Comme l’a souligné M. Sangaré, l’objectif est d’alimenter la révision du Plan d’action national des droits de l’homme, en y ajoutant un volet spécifique et fort sur les entreprises et les droits humains.

C’est l’occasion de saluer l’engagement du Cameroun de se doter d’un plan d’action national sur les entreprises en vue de s’assurer que dans les secteurs structurants, l’activité économique, du secteur privé, que les principes directeurs des Nations Unies sur les entreprises et les droits de l’homme puissent être intégrés sur les trois piliers de respecter et protéger les droits humains, et fournir des réparations là où l’activité économique pourrait avoir des impacts négatifs,” a-t-il déclaré.

L’ambition est claire : faire du Cameroun une “référence de bonnes pratiques” dans ce domaine en Afrique centrale, en arrimant le futur plan d’action aux réalités du contexte local.


Une Étude Ciblée sur les Secteurs Prioritaires
Pour garantir la pertinence de l’évaluation, le CNUDHD-AC et le gouvernement ont commandité une étude ciblant quatre secteurs considérés comme prioritaires et structurants pour l’économie camerounaise : l’agroindustrie, les forêts, les grands projets d’infrastructures, et les mines.
Madame Wilson Nadine, Officier des droits de l’homme au CNUDHD-AC, a rappelé la genèse de cette démarche. Un premier atelier tenu en avril à Mbankomo avait permis de fixer le cadre et de passer en revue les Principes directeurs, identifiant déjà des avancées, des opportunités, mais aussi des défis et des écarts dans la mise en œuvre du cadre légal.


Suite à cette première phase, des descentes de terrain ont été organisées par la consultante de l’étude dans plusieurs localités (Est, Littoral, Sud) pour “toucher du doigt les réalités locales,” rencontrant des entreprises, des syndicats, la société civile, et les communautés. C’est le contenu de cette étude de terrain qui est présenté lors de l’atelier de deux jours à Mbalmayo.


Des Constats et des Recommandations Cruciales
L’atelier a réuni une trentaine de participants représentant un large éventail de parties prenantes : ministères sectoriels, secteur privé, société civile, communautés locales, médias et autorités traditionnelles. L’objectif était de :

  • Présenter les principaux constats de l’évaluation.
  • Identifier les écarts entre les cadres existants et les exigences des Principes directeurs.
  • Formuler des recommandations concrètes pour améliorer les pratiques.
  • Contribuer à la révision du Plan d’action national.

  • Madame Omgba Balbine, consultante dans le cadre de cette étude de référence, a révélé les conclusions de l’analyse : malgré un encadrement théorique suffisant des questions de droits de l’homme par le Cameroun, la pratique révèle des abus et des violations dans les quatre secteurs étudiés.
    Les abus observés touchent notamment :
  • Les questions environnementales.
  • Les conditions de travail et la sécurité sociale.
  • Le manque d’information et de consultation des communautés locales concernant l’installation des projets et les risques encourus.

Elle a mis en lumière la problématique des impacts négatifs de l’activité économique : perturbation de l’environnement, modification des usages traditionnels, et un manque de bénéfices concrets pour les communautés d’accueil, malgré l’espoir initial.
L’atelier de Mbalmayo s’inscrit donc dans un partenariat stratégique visant à une mise en œuvre plus cohérente et efficace des Principes directeurs, offrant une plateforme essentielle pour confronter les résultats de l’étude avec les réalités vécues par les différentes parties prenantes.

Les conclusions et les recommandations qui en découleront seront fondamentales pour l’élaboration du futur Plan d’action national sur les entreprises et les droits de l’homme.
Les Principes directeurs des Nations Unies reposent sur trois piliers : l’obligation de l’État de protéger contre les abus des droits de l’homme commis par des tiers (y compris les entreprises), la responsabilité des entreprises de respecter les droits de l’homme, et un accès accru à des recours efficaces.

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