Au lendemain du scrutin présidentiel de 2025, la scène politique camerounaise est secouée par une rupture spectaculaire et amère. Le candidat Hiram Samuel Iyodi a réagi avec fermeté au communiqué du Front des Démocrates Camerounais (FDC), daté du 13 octobre 2025, annonçant la fin unilatérale de leur collaboration. Loin de s’incliner, le candidat Iyodi a transformé cette déclaration en une plateforme pour réaffirmer la cohérence et l’indépendance de sa démarche, accusant le FDC d’avoir cédé aux pressions du régime en place.
Rupture Déplorée, Méthodes Décriées
Le communiqué de M. Iyodi ne cache pas son « profond regret » face à la décision du FDC. Il dénonce avec virulence les « méthodes, le ton et les termes indignes » employés par la direction du parti, déplorant une annonce faite « sans consultation ni respect des engagements et du travail accomplis ensemble ».
Pour Hiram Samuel Iyodi, cette démarche unilatérale n’est pas une simple querelle de parti. Il y voit la confirmation d’un « désaccord et la furie du Président du FDC » qui, selon lui, a exercé une « pression exacerbée » ces dernières semaines pour que le candidat se rallie au régime. Une manœuvre à laquelle il affirme avoir opposé un « refus ferme ».
Un Projet Qui Dépasse les Partisans
M. Iyodi s’emploie à démontrer que sa candidature a largement dépassé le cadre initial du FDC. Il insiste sur le fait que son projet est désormais celui d’une « dynamique plus large, celle d’un projet patriotique et populaire », bâti grâce à une mobilisation citoyenne massive. Il salue le dévouement de milliers de bénévoles, de jeunes, de femmes, de professionnels, de mouvements indépendants, de leaders communautaires, ainsi que le travail acharné des équipes des partis alliés comme le Mouvement Patriotique pour la Prospérité du Peuple (MP3) et le Mouvement Démocratique et Populaire (MDP).
« Ce projet dépasse les intérêts partisans. Il est porté par des milliers de bénévoles (…) dans l’espoir de voir émerger un Cameroun nouveau, plus juste, plus digne, plus souverain, » déclare-t-il, rejetant toute tentative de « récupération, d’instrumentalisation ou de reniement de cet effort collectif. »
L’Épée de la Cohérence Contre l’Accusation de Trahison
Face aux accusations implicites ou explicites, Hiram Samuel Iyodi se défend en affirmant : « Nous n’avons jamais trahi le FDC. Nous avons simplement refusé de trahir le Cameroun. » Il positionne son refus de l’alignement comme un choix de « constance et de cohérence » pour « défendre jusqu’au bout le projet de société » présenté aux Camerounais.
Le candidat maintient son rejet de la victoire du régime en place et affirme que ses équipes poursuivent la compilation sereine des votes, se rangeant « assurément du côté de la volonté du Peuple Camerounais », alors que les travaux des commissions départementales annoncent un « moment historique ».
Le FDC Dénonce un Sabotage Prémédité
Le communiqué d’Hiram Samuel Iyodi ne peut cependant être lu sans prendre en compte la riposte du FDC, par la voix de son Président National, Denis Emilien Atangana. Ce dernier a tenu un point de presse ce 13 Octobre, fustigeant le candidat et son équipe.
M. Atangana dresse un réquisitoire accablant, déplorant que la campagne ait pris une « tournure très difficile et insaisissable » dès le mois d’août, après la présentation officielle du candidat. Il énumère une série de « violations graves des engagements » et des « graves tares » dans la gestion de la campagne :
- Violations Organisationnelles : Non-respect de l’organigramme, confiscation de la direction de la campagne, mise à l’écart progressive des cadres et militants du FDC, et organisation non-concertée de la levée des fonds avec d’autres partis (notamment le MP3).
- Défauts de Campagne : Manque de préparation, « absence complète de Programme de Campagne Électorale », manque criard de supports et de gadgets, insuffisance d’équipes, « refus catégorique d’organiser les Véritables Meetings », faible visibilité médiatique.
Pour le Président du FDC, l’analyse des faits mène à une « Conclusion malheureuse » : « Hiram Samuel Iyodi était clairement en mission pour Saboter le FDC et le Projet de Vrai Changement ».
Le FDC Se Remet en Question et S’Excuse
Conscient de l’impact négatif, Denis Émilien Atangana a présenté des « profondes et sincères excuses » aux sympathisants, militants et cadres du FDC, ainsi qu’aux citoyens, particulièrement les jeunes, qui ont accordé leur confiance. « Nous avons tous été Abusés. Nous avons fait confiance à un Jeune Candidat et nous avons été Abusés, » confesse-t-il, affirmant néanmoins que le FDC a appris de cette « Mésaventure » et qu’elle les rendra plus forts.
Le Président du FDC maintient que son combat demeure « celui de l’alternance, de la vérité des urnes et de la refondation démocratique du Cameroun », annonçant qu’il continuera d’œuvrer pour « préparer les prochaines échéances électorales ».
Perspectives : Vers une Nouvelle Configuration de l’Opposition ?
Le divorce entre Hiram Samuel Iyodi et le FDC symbolise les profondes fractures et les défis structurels de l’opposition camerounaise, notamment dans la gestion des coalitions.
D’un côté, Hiram Samuel Iyodi se positionne désormais comme un acteur politique indépendant, fort d’un élan populaire et patriotique qui, selon lui, dépasse les structures partisanes traditionnelles. Sa détermination à défendre le vote et à ne pas céder à la pression du régime en fait une figure à surveiller.
De l’autre, le FDC cherche à limiter les dégâts d’une campagne présidentielle qui s’est terminée par une rupture humiliante. Le parti devra se reconstruire et clarifier sa position face à l’alternance, malgré l’abus de confiance dénoncé.
Cette guerre des communiqués, au lendemain d’un scrutin crucial, annonce une probable recomposition de l’échiquier politique camerounais, où la loyauté aux idées et l’intégrité face au régime seront les critères d’évaluation des alliances futures. La bataille pour le « Cameroun nouveau » continue, mais elle se fera désormais sans l’alliance FDC-Iyodi.