L’amphithéâtre 225 de l’École Nationale Polytechnique de Yaoundé (ENPY) a servi de cadre, ce 20 Novembre 2025, à une conférence entrepreneuriale majeure. Autour du thème central de la création et du management d’une entreprise camerounaise à succès, François Ekouma Ananga, plus connu sous le nom de François Santé, PDG de la société Bome François, est venu partager son extraordinaire parcours avec la nouvelle génération d’ingénieurs. L’événement, qui a réuni des personnalités éminentes comme le Pr Raoul Ayissi, Directeur de l’école, la Sénatrice Françoise Puene et l’artiste international Locko, a été une véritable masterclass en stratégie d’entreprise et en résilience.
L’histoire de Bome François tient du conte de fées entrepreneurial. Elle commence le 3 mai 2021 par une “révélation“, un songe reçu par François Ekouma, alors évangéliste. “Tout était clair dans mon esprit”, confie-t-il. Avec le soutien de son épouse et un capital initial dérisoire de 40 000 FCFA offert par sa fille, le couple se lance le 15 juin 2021 dans la fabrication de son premier produit, une huile de massage.

Les débuts sont modestes et familiaux. Face au scepticisme des consommateurs camerounais envers les produits locaux, l’équipe adopte une stratégie de marketing de proximité radicale : des démonstrations et des massages gratuits sur les marchés. “En quelques minutes, 20 personnes nous appelaient pour passer commande“, se souvient-il. La persévérance paie : en trois mois et demi, le capital passe de 40 000 FCFA à 750 000 FCFA. La vente de 400 unités en trois heures sur le marché de Douala marque un tournant décisif, convainquant les premiers partenaires de la viabilité du business.
Les piliers d’une expansion foudroyante
La croissance exponentielle de Bome François, qui compte aujourd’hui un chiffre d’affaires annuel de 300 millions de FCFA pour la société mère et une présence dans plus de 10 pays africains et en Occident, repose sur une stratégie marketing révolutionnaire.

François Santé a détaillé les fondements de son succès :
- Le recrutement par la preuve : Pour vaincre la défiance, il emmenait les recrues potentielles sur le terrain pour qu’elles constatent par elles-mêmes l’efficacité des ventes.
- Un système de réseau motivant : Un modèle basé sur des commissions attractives (40% par vente) et un système pyramidal ingénieux qui récompense la constitution d’équipes, créant un effet boule de neige.
- Vendre une promesse, pas un produit : “En marketing, on ne vend pas le produit, mais ce qu’on dit du produit”, affirme-t-il, insistant sur la vente de la promesse de bien-être et d’opportunité d’enrichissement.
- L’autonomie et la confiance : Les vendeurs, libres d’opérer où ils veulent, reçoivent leurs commissions sans délai, instaurant un climat de confiance propice à l’expansion.
“Entreprendre, c’est souffrir” : un credo pour surmonter les défis
Devant un auditoire attentif d’étudiants, François Ekouma a livré un message sans fard sur la réalité de l’entrepreneuriat. “Aux étudiants de polytechnique, je suis venu les motiver… Ce qu’on apprend dans les amphithéâtres, c’est pas ça qu’on vit sur le terrain. Entreprendre, c’est souffrir“, a-t-il lancé, martelant son credo : “Entreprendre c’est souffrir, Souffrir c’est entreprendre.”

Il a exhorté les futurs diplômés à ne pas se reposer uniquement sur leurs parchemins. “Le diplôme seul ne peut pas nourrir une famille… Tu peux avoir de gros diplômes, on te trouve au marché de Mokolo.” Son message est un appel à l’action, à la foi en ses idées et à une résilience à toute épreuve. “Il faut croire en ce que tu as reçu comme pensées, comme idée… C’est cette force [la foi] qui agit au dedans de nous et qui peut exploser au vu et au su de tous.”
Une vision partagée par les personnalités présentes
La Sénatrice Françoise Puene a enrichi le débat en soulignant l’importance de la détermination, de la résilience et de l’innovation, tout en encourageant les jeunes à prendre des risques calculés et à intégrer la responsabilité sociale et environnementale dans leurs projets.
L’artiste Locko a, quant à lui, apporté son angle sur le leadership et le management, insistant sur la nécessité d’une vision claire, d’une stratégie bien définie et d’une gestion d’équipe efficace pour concrétiser ses ambitions.

Pour le Pr Raoul Ayissi, cette conférence s’inscrivait parfaitement dans la mission de l’ENPY : former des ingénieurs non seulement compétents, mais aussi capables de créer de la richesse et des emplois pour contribuer au développement économique du Cameroun.
Un modèle pour la génération future
Plus qu’un simple témoignage, la conférence de François Santé a été une démonstration pratique et inspirante que les ambitions entrepreneuriales les plus audacieuses sont à portée de main, même sans capital de départ important. En exposant sans tabou les difficultés et en partageant les stratégies concrètes qui ont propulsé Bome François sur la scène internationale, il a offert aux étudiants une feuille de route et une puissante source de motivation.
L’histoire de Bome François, née d’un songe et portée par 40 000 FCFA, est désormais le symbole vibrant d’une nouvelle ère entrepreneuriale au Cameroun, où l’ingéniosité, la persévérance et une stratégie bien pensée permettent de conquérir le monde.


