SOCIETE

VBG 2025/cyber violences: ACAHIJEC-AFIRI multiplie les initiatives pour les survivantes durant les 16 jours d’activisme

Written by Annette Olinga


Ce 25 Novembre a marqué le coup d’envoi de la 19e édition de la campagne internationale « 16 Jours d’activisme contre les violences faites aux femmes ». La Cérémonie officielle était présidée par la Ministre de la Promotion de la Femme et de la Famille, Marie Thérèse Abena Ondoa. Dans ce cadre, la voix de Yvonne Flore Belema, Présidente de l’Association Camerounaise d’Aide à l’Hygiène et à l’Insertion des Jeunes dans les Collectivités (ACAHIJEC), a porté un message fort, poignant et résolument tourné vers l’action. Alors que le thème de cette année, « Unis pour mettre fin à la violence numérique à l’égard de toutes les femmes et filles », met en lumière un fléau moderne, les interventions ont rappelé l’urgence de briser le silence et de renforcer les mécanismes de soutien.

La violence numérique : un fléau émergent qui cible tous les genres

Intervenant après la cérémonie d’ouverture, Yvonne Flore Belema a salué une thématique « très intéressante et cruciale ». « La femme et la fille sont très victimes de violences en ligne », a-t-elle souligné, avant d’apporter une nuance importante : « Je voudrais dire que même les hommes aussi sont concernés, car tout à l’heure, j’ai suivi des témoignages dans la salle où les hommes sont également victimes. Vous savez, avec la venue de l’intelligence artificielle, on est capable de tout faire. »

Ce constat ouvre un champ de sensibilisation plus large. La Présidente de l’ACAHIJEC-AFIRI a lancé un message de prévention direct, notamment aux jeunes femmes et filles : « Abstenez-vous d’envoyer des photos indécentes à vos hommes, parce que vous ne savez pas comment la relation peut se terminer. Généralement, c’est quand la relation se termine qu’on subit des harcèlements, des chantages. Il faut verser de l’argent parce qu’on a peur que nos “nudes” soient divulgués. »

Un avertissement qu’elle étend à la jeune génération, souvent peu consciente des risques permanents liés au numérique : « Aujourd’hui, avec la génération de nos petites sœurs, elles ne se retiennent plus. Elles font des vidéos et des photos n’importe comment dans les téléphones, et après, ça devient ce que nous voyons [en ligne]. » Pour elle, cette thématique est essentielle pour « sensibiliser, pour attirer l’attention non seulement des parents, mais aussi de la communauté internationale. »

Le mot d’ordre : Briser le silence et dénoncer

Au-delà de la prévention, le cœur du message de Mme Belema est un appel vibrant à la libération de la parole. « Tous les jours, nous sensibilisons les femmes et les filles à briser le silence, parce que si vous ne dénoncez pas, on ne va pas mettre un terme aux violences. Si vous continuez à protéger vos bourreaux, ça veut dire que vous encouragez le bourreau à récidiver. »

Reconnaissant la difficulté de cet acte, elle insiste : « Il faut dénoncer, même si ça fait honte, même si ça fait mal. Il faut avoir le courage de dénoncer. » Cet appel s’accompagne d’un message d’espoir et de résilience adressé directement aux survivantes : « Je voudrais dire aux survivantes que tout n’est pas terminé. On a la possibilité de se reconstruire. Comme moi aussi, je me suis reconstruite et, d’ailleurs, faire mieux qu’avant. Donc, il n’y a pas de mal à toujours recommencer quand on tombe. Mais je vous dis : dénoncez vos bourreaux pour mettre un terme à la violence. »

ACAHIJEC-AFIRI : Un agenda chargé pour des actions concrètes

Les 16 jours d’activisme représentent une période « très, très intense » pour l’association, qui a dévoilé un programme ambitieux et concret :

  1. Partenariat médical (26 Novembre) : Signature d’une convention avec l’Hôpital Jeamot de Yaoundé pour accompagner les survivantes sur les plans psychologique et médical, un volet essentiel pour une reconstruction complète.
  2. Formation des forces de l’ordre : Un atelier avec les policiers et les gendarmes sur la façon de traiter les survivantes. Cette initiative répond directement aux « nombreuses plaintes de celles qui vont porter plainte dans les commissariats et ne sont pas souvent très bien accueillies ».
  3. L’évolution du Centre AFIRI : Le centre, inauguré il y a un an, va évoluer en un « One-Stop Center » (Guichet Unique). Cet espace rassemblera tous les services nécessaires aux survivants, simplifiant ainsi leur parcours et leur accès à l’aide.
  4. Atelier stratégique : Un atelier sera organisé sur la mise en place du Conseil National de la Femme Camerounaise, une structure soutenue par le Ministère dans le cadre du « septennat des femmes ».

Le Centre AFIRI : Un an déjà, et un espoir qui grandit

Pour rappel, le Centre AFIRI, « centre de l’espoir », a été inauguré le 9 décembre 2024 à Yaoundé par la Ministre Marie Thérèse Abena Ondoa. Cette initiative de l’ACAHIJEC vise à accueillir et soutenir les femmes victimes de violences conjugales, et à les accompagner dans leur reconstruction et leur autonomisation.

Comme le rappelait Yvonne Flore Belema lors de son inauguration, ce centre est un « espoir pour les femmes victimes de violence », un lieu sûr où elles peuvent trouver de l’aide et un encadrement pour sortir de l’engrenage infernal.

Les activités proposées au centre sont variées et visent autant la guérison que l’insertion socio-économique : broderie, tricotage, teinture, pâtisserie, sport, jeux de société, musique, yoga, mais aussi des formations au digital, à la vente en ligne, à l’entrepreneuriat féminin et au leadership.

L’union des forces pour un avenir sans violence

Le lancement de cette 19e campagne des 16 Jours d’Activisme au Cameroun se place sous le signe d’une prise de conscience aiguë des nouvelles formes de violence et d’une mobilisation renforcée de la société civile. À travers les actions et les paroles fortes de l’ACAHIJEC-AFIRI, un cap est tracé : celui d’une lutte multidimensionnelle qui combine prévention, dénonciation, soutien médical et psychologique, formation des acteurs et autonomisation économique des femmes. Le message est clair : face à la violence, qu’elle soit physique ou numérique, le silence n’est plus une option. La reconstruction, elle, est toujours possible.

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