POLITIQUE

Conseil régional du Sud : Il faut du sang neuf pour booster la région

Written by Annette Olinga


Face aux nombreux manquements et aux contreperformances enregistrées par l’ancien exécutif du Conseil régional du Sud (CRS) un sursaut d’orgueil des nouveaux élus est plus que nécessaire pour porter un visionnaire et un fin stratège à la tête de cette importante instance au service du développement local.


Cette collectivité territoriale décentralisée qui a eu à sa tête une “individualité qui n’a eu pour seule boussole que ses convictions et sa satisfaction personnelle, éloignant le CRS directives prescrites par le code de décentralisation qui la présente comme un pilier du développement local. Durant cette mandature, plusieurs observateurs, élus et fils du Sud ont attiré à répétition, l’attention de l’opinion public sur la léthargie administrative dans laquelle elle a été plongée du fait du manque d’ingéniosité en ce qui concerne la maturation de projets et l’exécution des marchés publics, dont beaucoup d’ailleurs n’ont jamais été livrés, sans oublier la gouvernance solitaire du principal responsable de cette instance.


Selon des investigations faites auprès de sources internes au CRS, plus de six milliards de FCFA destinés au développement régional seraient retournés au Trésor public faute de consommation ou de réalisation d’actions concrètes avec l’argent mobilisé pour sortir la population de la pauvreté en droite ligne des orientations de la SND30. Ce fait marquant vient confirmer le manque de visibilité et les dysfonctionnements majeurs constatés dans la gestion du CRS par son exécutif durant les 5 dernières années. De même, le rapport 2023 de l’Agence de régulation des marchés publics (ARMP) indique que le Conseil régional du Sud a eu durant cet exercice un taux de 0 % de marchés réceptionnés par rapport aux marchés démarrés et non clôturés par des livraisons ou des réalisations effectives. Dans le même sens, un audit commandité par le ministère des Finances a fait mention dans ses rapports de ce que le CRS fonctionnerait sans budget effectif depuis sa mise en place. Donc il a navigué en vue de 2020 à 2025 sans que ses actions impactent véritablement la région alors qu’il est censé piloter le développement local.


Des marchés publics controversés
Pour ce qui est de la passation des marchés publics, beaucoup de choses restent à redire. Notamment en ce qui concerne les procédures et les règlements desdits marchés publics. Déjà en 2022, un scandale concernant l’achat des « rideaux à 60 millions » pour des bureaux du Conseil régional a fait les choux gras de la presse. Ce marché en question passé de gré à gré semblait visiblement ne pas respecter la réglementation exigée par le Code des marchés publics et son descriptif tel que mentionné dans le journal des marchés de cet exercice. Toutes ces récriminations portant sur des accusations de corruption, de favoritisme et de mauvaise gouvernance qui se sont d’ailleurs répétées durant toute cette mandature avaient en leur temps fait l’objet d’indignation des populations et de certains élus du Sud.


Une gouvernance contestée
Directement visé par ces graves problèmes de gouvernance, le président du dernier CRS, Emmanuel Mve Elemva, qui a été interpellé plusieurs fois par le gouverneur de la région du Sud, suite à une saisine du MINDDEVEL (ministère de la Décentralisation et du Développement local). Reproches faits, les arriérés de salaires du personnel « d’astreinte » sans contrat de travail, ainsi que la forclusion de près de 2 milliards de FCFA destinés aux projets régionaux sans oublier le décalage entre les priorités annoncées et les actions concrètes, alors que les PCD (plans communaux de développement) et le PRD (plan régional de développement) devraient être articulés autour de stratégies claires puis d’un pilotage transparent et équitable. Ce mode de gouvernance solitaire, rigide, souvent émotionnelle de l’édile régional a d’ailleurs été plusieurs fois été dénoncer par des membres du CRS au regard de sa résistance au dialogue collégial et à la prise en compte des avis pertinents sur le développement du Sud. Toute chose qui nuit gravement à la dynamique de développement participatif dont cette instance devrait être le reflet avec toutes les compétences qui s’y trouvent.


Nécessité d’un souffle nouveau
À la veille de l’élection d’un nouvel exécutif à la tête du CRS, il serait de bon ton que les nouveaux élus portent leur choix sur un homme d’expérience qui est doté d’un projet palpable pour le développement du Sud afin de transformer cette région en hub économique dynamique. Et au sein du CRS, il existe bien ce profil d’hommes capables d’élaborer des stratégies fortes et efficientes pour booster le développement local. C’est la raison pour laquelle les nouveaux conseillers doivent donner leur confiance à ce Messi qui pourra redorer le blason de cette région où très peu de choses ont été faites, tout en éloignant tous les amateurs, les euphoriques et les flagorneurs qui écument les réseaux sociaux, non sans secouer leurs soutiens dans les salons feutrés pour être parachuter sur ce strapontin sur lequel ils viendront replonger cette région dans cinq autres années de léthargie. Et le Sud et ses populations n’en n’ont pas besoin après tant d’hésitations à la tête du CRS.


Il faut dire que dès la prise de fonction du nouvel exécutif régional, il sera impératif de tirer les leçons des échecs de leurs prédécesseurs en définissant des priorités, en clarifiant les compétences et en définissant voies en vue de la mobilisation des fonds qui permettront au CRS d’atteindre ses objectifs à court, moyen et long terme à travers la densification d’un véritable élan de coopération avec des acteurs du développement. Il faudra déjà, pour cela, assainir la gouvernance ; renforcer la transparence dans les passations de marchés, mettre en place des mécanismes de contrôle interne et externe ; recentrer les priorités du CRS sur les besoins de la population ; prioriser les projets d’infrastructures sociales (routes, écoles, santé) ; éviter le gaspillage et la redondance, restaurer le dialogue institutionnel ; mettre en place un budget stratégique, comptable et opérationnel avec des indicateurs de performance pour suivre les projets et garantir leur réalisation. La mission assignée cette fois au nouvel exécutif du CRS peut s’avérer titanesque pas impossible pour les élus de qualité à qui a été confiée la mandature qui commence afin de reprendre le contrôle, exiger des comptes, contribuer à restaurer la confiance et le développement de cette région aux atouts indéniables.

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