Brazzaville, République du Congo, Une dynamique sous-régionale s’est mise en place pour intensifier la lutte contre la faim et la malnutrition en Afrique Centrale. Un atelier de formation de haut niveau, axé sur le droit à l’alimentation et l’agriculture sensible à la nutrition, s’est tenu à l’Assemblée nationale de la République du Congo et s’est achevé le vendredi 25 avril 2025. Facilitée par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), avec le soutien de la Coopération espagnole et du gouvernement allemand, cette initiative a réuni des parlementaires, des représentants d’organisations internationales, des universitaires et des acteurs de la société civile. L’objectif principal était de renforcer leurs compétences pour une meilleure intégration des dimensions nutritionnelles et du droit à l’alimentation dans l’élaboration des politiques aux niveaux national et sous-régional.
Pendant trois jours, les discussions ont mis en évidence l’imbrication essentielle entre la nutrition et la sécurité alimentaire. L’agriculture sensible à la nutrition a été présentée comme un pilier fondamental pour garantir à chacun le droit à une alimentation adéquate. La FAO a insisté sur le fait que le droit à l’alimentation doit guider les États dans la conception de leurs politiques et stratégies, tant au niveau national que sous-régional.
Le droit à l’alimentation : un impératif pour transformer les systèmes alimentaires
L’atelier a souligné l’urgence d’une action concertée des gouvernements et des parties prenantes pour transformer les systèmes alimentaires à travers le prisme du droit à l’alimentation, reconnu comme un droit humain fondamental. Nourrir les populations implique une approche globale, agissant sur l’ensemble de la chaîne, de la production à la consommation, tout en considérant les aspects humains, institutionnels et environnementaux et leurs impacts sur la santé et la nutrition.
Pour atteindre cet objectif, une transformation profonde des institutions, des infrastructures, des réglementations et des marchés qui structurent les systèmes alimentaires est indispensable. L’optimisation des ressources investies est également cruciale pour rendre ces systèmes plus équitables et durables, au bénéfice des travailleurs et des consommateurs.
Un axe majeur de la formation a été d’accompagner les pays membres dans la compréhension des principes de l’agriculture sensible à la nutrition. Cela nécessite une meilleure coordination des États et des acteurs pour formuler des politiques d’intervention dans le cadre du Réseau des Alliances parlementaires d’Afrique centrale pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle (RAPACSAN).
Un état des lieux alarmant de la malnutrition en Afrique Centrale
Les statistiques présentées par la FAO ont souligné la gravité de la situation nutritionnelle en Afrique Centrale. Près de 40% des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition chronique, et 60% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Ces chiffres alarmants appellent à des solutions urgentes et coordonnées.
La formation de Brazzaville a permis aux participants d’approfondir leurs connaissances sur des thématiques clés : la concrétisation du droit humain à l’alimentation, l’importance de l’agriculture sensible à la nutrition comme moteur de changement, la valorisation des cultures locales nutritives et le rôle crucial des parlementaires dans l’élaboration de politiques inclusives.
Des recommandations pour une action concertée
L’atelier s’est conclu par une série de recommandations adressées aux participants, aux gouvernements, aux parlementaires, à la société civile, au secteur privé et aux partenaires techniques et financiers. Parmi celles-ci figurent :
- La reconnaissance juridique du droit à l’alimentation au niveau national.
- L’intégration de l’agriculture sensible à la nutrition comme levier d’amélioration des conditions de vie.
- La valorisation des cultures locales riches en nutriments.
- L’allocation d’au moins 10% des budgets nationaux à la sécurité alimentaire et nutritionnelle.
- Le renforcement des capacités des parlementaires pour l’adoption de lois inclusives.
- Le développement d’un dialogue régulier entre tous les acteurs.
- La mobilisation de ressources financières pour les initiatives agricoles et nutritionnelles, en ciblant particulièrement les femmes et les jeunes.
- La création de mécanismes de veille parlementaire pour le suivi des politiques.
Ces recommandations visent à créer une synergie d’actions pour répondre aux défis de la croissance démographique, de l’augmentation des importations alimentaires, de l’urbanisation rapide et de la gestion des ressources naturelles, afin de transformer les systèmes alimentaires en Afrique Centrale et de garantir un accès universel à une alimentation saine et nutritive.
Lors de la cérémonie de clôture, le Vénérable Pierre Ngolo, Président du Sénat et Président d’honneur de l’Alliance parlementaire congolaise pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle, a insisté sur la richesse des échanges et la nécessité d’impliquer activement la jeunesse dans les politiques publiques.
Pour le Dr Athman Mravili, Coordonnateur sous-régional de la FAO pour l’Afrique centrale, la complexité des défis exige une réponse coordonnée et inclusive. L’ambition de la FAO est de créer une plateforme d’échange pour bâtir des politiques agricoles et nutritionnelles plus cohérentes, efficaces et justes.
Cet événement constitue une étape importante pour renforcer les alliances parlementaires et intensifier les efforts en faveur de systèmes alimentaires durables et équitables en Afrique centrale, tout en préparant le terrain pour le Troisième Sommet parlementaire mondial contre la faim et la malnutrition en 2026.