Les Assises de Yaoundé, tenues le 23 septembre 2025, ont acté la mue d’une initiative franco-africaine en une plateforme internationale, posant les jalons de sommets décisifs en 2026 et esquissant les contours d’une coopération renouvelée, souveraine et axée sur les résultats.
Plus de 50 acteurs camerounais issus des dix régions du pays se sont réunis à l’Institut français de Yaoundé pour les premières Assises du Conseil International de Dialogue et de Partenariat. Cette rencontre, placée sous le thème « Dialoguer pour mieux se comprendre, coopérer pour mieux construire », marque une étape cruciale dans l’évolution de l’organisation et ouvre la voie vers le Pré-sommet de Yaoundé (février 2026) et le Sommet de Nairobi (avril 2026).

Une renaissance institutionnelle et stratégique
L’atmosphère était à la fois studieuse et empreinte d’une ambition renouvelée, ce 23 septembre 2025, dans l’enceinte de l’Institut français du Cameroun. Les Assises du Conseil International de Dialogue et de Partenariat (CIDP) ne constituaient pas une simple réunion de routine. Elles représentaient la « rentrée » officielle d’une structure en pleine métamorphose, quelques mois après l’installation de son nouveau bureau le 23 juillet dernier. L’objectif était double : dresser un bilan d’étape et, surtout, définir les perspectives stratégiques d’une organisation qui a délibérément dépassé son cadre initial pour embrasser une dimension résolument internationale.
Un bilan d’étape : De l’ancrage camerounais à l’essor continental
Sous l’impulsion de sa présidente, Hermès, le Conseil a présenté un bilan tangible de ses actions sur l’année écoulée. Ce dernier s’articule autour de plusieurs piliers :
- Structuration et déploiement territorial : La mise en place de « hubs » locaux dans les dix régions du Cameroun a permis d’accompagner les acteurs de terrain. Ces antennes sont conçues comme des relais essentiels pour identifier et financer des projets locaux.
- Plaidoyer et projets financés : Le Conseil a joué un rôle d’interface efficace, facilitant la signature de conventions, comme celle entre France Volontaires et le Ministère de la Jeunesse et de l’Éducation Civique (MINJEC) pour un volontariat de réciprocité. Des projets d’envergure ont été soutenus, à l’image de l’initiative « La société civile au cœur de la transition écologique », dotée de plus de 600 000 euros.
- La Commission Mémoire : un jalon historique : La création et les travaux de cette commission ont marqué un moment fort. Pour la première fois dans le cadre de cette institution, la reconnaissance officielle d’un conflit historique au Cameroun a été actée. Ce rapport, présenté lors des Assises, est appelé à devenir un document de référence.
Ce bilan démontre une capacité d’action concrète, quatre ans après les premières assises de Montpellier qui avaient servi de base à la feuille de route initiale.
Les Assises de Yaoundé : Laboratoire d’idées et tremplin pour la jeunesse
La journée du 23 septembre a fonctionné comme un véritable accélérateur d’initiatives. Trois ateliers thématiques ont structuré les réflexions :
- L’atelier Mémoire, pour exploiter les conclusions du rapport et en faire un levier de réconciliation et de développement local.
- L’atelier Gouvernance, centré sur le rôle stratégique des Organisations de la Société Civile (OSC) dans les processus décisionnels, notamment sur les questions de migration, de santé et d’environnement.
- L’atelier Entrepreneuriat, dédié aux mécanismes de création de richesse par les jeunes, avec un accent sur le financement, le renforcement des capacités et le suivi-évaluation.
Point d’orgue de l’innovation lors de ces Assises : deux hackathons en phase finale. Le premier vise à créer une solution digitale pour fédérer les OSC africaines. Le second, dédié au leadership, a captivé l’attention du public avec près d’un million d’interactions sur les réseaux sociaux. Après un processus de sélection rigoureux (centaines de candidatures, vote public), dix projets portés par des jeunes de 18 à 30 ans ont été pitchés devant un jury. Les lauréats bénéficieront non pas de simples prix financiers, mais d’un accompagnement complet incluant voyages professionnels, mentorat et un suivi personnalisé.
Un changement de paradigme : De la relation Afrique-France au multilatéralisme souverain
La transformation la plus significative annoncée à Yaoundé est d’ordre stratégique et philosophique. Comme l’a fermement souligné Sa Majesté Mvondo Bruno : « Nous ne sommes plus au stade des relations Afrique-France, nous sommes au stade des relations internationales ». Le CIDP n’est plus une entité camerounaise soutenue principalement par l’Ambassade de France. Il est désormais présent dans une vingtaine de pays et s’ouvre à de nouveaux partenaires, comme l’Organisation des Nations Unies pour les migrations.
Cette nouvelle identité, expliquée avec force par Sa Majesté Mvondo Bruno de la commission culture, s’appuie sur une vision : « On n’est plus au niveau de l’Afrique, on voit large . Le rapport sur la mémoire Cameroun-France, notamment, n’est plus perçu comme une fin en soi, mais comme un point de départ « objectif » et « positif » pour construire de nouveaux ponts de dialogue avec d’autres pays, des entreprises et la société civile mondiale. Il s’agit d’en faire un outil pour le développement local, l’employabilité des jeunes et le positionnement de la société civile au cœur des enjeux géostratégiques.
Perspectives 2026 : Les sommets de Yaoundé et Nairobi en ligne de mire
Les Assises ont avant tout servi de rampe de lancement pour deux échéances majeures. Le Pré-sommet de Yaoundé, prévu en février 2026, réunira sur le sol camerounais plus de 20 pays, des centaines de jeunes et d’acteurs de la société civile. Son objectif sera de « valoriser le travail des jeunes » et de « repenser les actions de coopération ».
Ce rendez-vous camerounais préparera le terrain pour le Sommet de Nairobi en avril 2026, qui actera définitivement la dimension internationale du CIDP. La feuille de route est claire : multiplier par cinq ou dix le nombre de bénéficiaires et d’OSC en réseau. Le défi, rappelle la présidence, reste inchangé dans son essence : « Comment utilise-t-on cette coopération pour améliorer les conditions de vie des populations, des jeunes, des femmes et des personnes vulnérables ? » tout en respectant scrupuleusement la souveraineté de chaque État partenaire.
La coopération par les acteurs, pour les territoires
Les Assises de Yaoundé ont confirmé une évolution profonde. Le Conseil International de Dialogue et de Partenariat incarne désormais une nouvelle approche de la coopération internationale, décentralisée, inclusive et pilotée par les acteurs de terrain. En plaçant la jeunesse entrepreneuriale, la mémoire apaisée et la société civile au cœur de son dispositif, le CIDP propose un modèle où le dialogue n’est pas une fin en soi, mais le préalable nécessaire à une construction commune et tangible. La route est tracée de Yaoundé à Nairobi, avec l’ambition affichée de faire de la culture, de l’histoire et de l’innovation des leviers au service du développement et de l’unité.