POLITIQUE

Ateki Seta Caxton rencontre les syndicats : Le dialogue social et les réformes structurelles au centre de la campagne

Written by Annette Olinga

À un mois précisément du scrutin présidentiel du 12 octobre 2025, la campagne électorale camerounaise entre dans sa phase décisive. C’est dans ce contexte tendu que Ateki Seta Caxton, candidat du Parti de l’Alliance Libéral (PAL), a choisi de consacrer sa journée du 18 septembre à une rencontre hautement symbolique avec les représentants de deux syndicats majeurs : le Syndicat National des Journalistes du Cameroun (SNJC) et le Syndicat National des Travailleurs du Cameroun (SNTC). Cette entrevue, présentée comme un moment d’échange « convivial, respectueux et objectif » par le candidat, semble vouloir incarner la nouvelle forme de gouvernance qu’il promet d’instaurer.

Une écoute active pour des préoccupations pressantes

La rencontre, qui s’est déroulée à Yaoundé, avait pour objectif affiché d’écouter les doléances des forces vives de la nation. Devant les représentants syndicaux, Ateki Seta Caxton s’est présenté en candidat à l’écoute, loin des postures traditionnelles.

« Je suis très content d’avoir échangé avec les syndicats aujourd’hui… Nous avons évoqué beaucoup des problèmes que font face nos travailleurs et nos journalistes », a-t-il déclaré dans un communiqué à l’issue des discussions.

Les sujets abordés étaient aussi variés que critiques pour l’avenir du pays. La délégation des journalistes a tiré la sonnette d’alarme sur un « statut du journaliste au Cameroun remis en question », réclamant un traitement « amélioré » et des réformes urgentes. Les questions économiques, le cadre légal régissant la profession et l’accès à l’information ont été longuement débattus, touchant à la fois à la dignité professionnelle et au fondement même de la démocratie.

Les travailleurs, représentés par le SNTC, ont pour leur part exposé les difficultés « énormes » traversées par les agents de la fonction publique et des collectivités territoriales décentralisées, pointant du doigt des problèmes structurels liés au droit du travail, aux conditions salariales et au manque de dialogue social.

Un engagement solennel : le dialogue social comme méthode de gouvernance

Face à ces constats sévères, le candidat du PAL n’a pas seulement écouté ; il a pris un engagement formel. Promettant, en cas de victoire le 12 octobre, d’« entamer très violemment un dialogue avec tous les syndicats ». L’usage de l’adverbe « violemment » – certainement employé dans le sens de « avec une vigueur et une détermination sans précédent » – illustre la volonté affichée de rompre avec l’inertie habituellement dénoncée.

« C’est un engagement que je prend devant eux pour dire que ces problèmes qui sont évoqués seront résolus », a-t-il assuré, plaçant ces défis « au centre de nos préoccupations ». Cette promesse d’un dialogue social élargi et constructif constitue la pierre angulaire de sa stratégie pour apaiser un climat social souvent tendu et restaurer la confiance entre l’État et les corps intermédiaires.

Cet engagement ne sort pas de nulle part. Il s’ancre dans le parcours militant de Caxton au sein de la société civile, où l’accès à l’information et la transparence étaient déjà « au cœur de ses combats ». Il a d’ailleurs rappelé avoir « proposé une loi sur l’accès à l’information » visant à « obliger les institutions à fournir aux journalistes les informations dont ils ont besoin ». Une mesure qui, si elle est mise en œuvre, représenterait une petite révolution dans les pratiques administratives camerounaises.

Son expérience terrain, via son organisation NewSeta, qui a formé 22 municipalités sur des questions de coopération décentralisée et d’innovation, conforte son discours sur la nécessité d’une gouvernance proche des citoyens : « Il faut que la population sente que les institutions sont efficaces, répondent aux problèmes dont ils font face ».

“La Vérité ne peut attendre !” : un programme ambitieux pour une transformation profonde

Cette rencontre syndicale s’inscrit dans la logique d’un programme présidentiel bien plus vaste et particulièrement ambitieux, récemment dévoilé sous le titre évocateur : « La Vérité ne peut attendre ! Le Cameroun mérite mieux ! ». Ce projet de société propose rien de moins qu’une refonte complète du modèle camerounais, articulée autour de plusieurs axes majeurs :

  1. Économie et social : Le PAL envisage une rupture stratégique majeure : abandonner le modèle de substitution des importations pour une intégration dans les chaînes de valeur mondiales, avec l’objectif de créer massivement des emplois et d’augmenter le revenu par habitant. La création d’un Commissariat général à l’émergence et l’augmentation des budgets alloués aux collectivités locales pour les prestations sociales de base complètent cette vision.
  2. Infrastructures : Le programme est pharaonique. Il prévoit la construction d’un vaste réseau de transport (autoroutes à péage, ligne ferroviaire électrifiée Douala-Yaoundé, métro à Yaoundé) et une ambition énergétique décuplée : porter la production nationale de 2 000 MW à 10 000 MW en une décennie.
  3. Institutions et gouvernance : C’est peut-être la proposition la plus radicale : la transformation du Cameroun en un État fédéral. Couplée à une lutte acharnée contre la corruption et une digitalisation massive des services publics, cette réforme viserait à répondre aux crises et aux demandes de décentralisation.
  4. Résolution des conflits et souveraineté : Le candidat s’engage à résoudre la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest (NOSO) par le dialogue et à libérer les prisonniers politiques. Sur le plan économique, il propose un virage souverainiste en se désengageant des programmes du FMI et en créant une monnaie commune avec les pays de la sous-région.
  5. Promotion de la démocratie : La création d’une Agence Nationale pour la Promotion de la Société Civile, la réforme des forces de sécurité pour en faire des institutions républicaines et l’instauration d’un Numéro d’Identification Sociale Unique (NISU) visent à consolider l’État de droit et la transparence.

Une campagne qui mise sur le dialogue et le projet

Alors que la présidentielle s’annonce serrée, Ateki Seta Caxton semble vouloir se distinguer par une campagne de fond, axée sur la proposition et le dialogue direct avec les représentants des principales préoccupations des Camerounais. Sa rencontre avec les syndicats n’est pas anodine ; elle envoie un signal fort à un électorat en quête de reconnaissance et de solutions concrètes aux problèmes du quotidien.

En plaçant le dialogue social, la transparence et des réformes structurelles audacieuses au centre de son discours, le candidat du PAL présente sa vision : celle d’un Cameroun modernisé, apaisé et enfin maître de son destin. Reste à savoir si les électeurs, le 12 octobre prochain, seront séduits par l’ampleur de cette ambition et la crédibilité de ses promesses. La « vérité » qu’invoque son programme devra alors passer de la parole aux actes.

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