Le projet << La société civile camerounaise au cœur de la transition écologique » a fait l’objet d’un bilan à Yaoundé. Le Fonds de Solidarité pour les Projets Innovants (FSPI) y tenait, le 29 septembre 2025, son cinquième comité de pilotage, clôturant ainsi deux années d’activité sous l’égide de l’Ambassade de France. Ce Copil a bien plus été qu’une simple session de bilan. Elle a sonné comme l’acte de consécration d’un projet audacieux ayant réussi, en deux ans, à insuffler une dynamique inédite au sein de la société civile camerounaise, la plaçant au cœur de la bataille pour l’environnement. Lancé en avril 2023, ce programme, co-construit par le Service de Coopération et d’Action Culturelle (SCAC) et le Conseil pour le Suivi des Recommandations du NSAF, a démontré avec brio comment une coopération ciblée peut catalyser l’innovation verte à l’échelle nationale.
Un Triple Levier pour une Mobilisation Nationale
Conçu comme un levier de mobilisation citoyenne, le FSPI-TE s’est déployé en trois phases stratégiques et complémentaires, toutes intégralement réalisées :
- La Sensibilisation (52 500 €) : Premier maillon essentiel, cette composante a permis d’éveiller les consciences aux enjeux écologiques à travers le pays. Plus de 30 réunions mensuelles des partenaires et une vaste campagne de communication ont touché des centaines de milliers de citoyens.
- La Formation (224 750 €) : Au-delà de la prise de conscience, le projet a outillé les acteurs. 103 organisations de la société civile (OSC) ont été formées, donnant naissance à 34 « praticiens » et 88 « tisseurs » de la confiance en transition écologique, véritables relais d’expertise dans leurs communautés.
- La Transformation (238 750 €) : C’est le cœur de l’action. Cette phase a été dédiée à l’accompagnement et au financement de projets concrets. Huit micro-initiatives locales, soigneusement sélectionnées, ont été soutenues à hauteur de près de 120 millions de FCFA (environ 185 000 €), dans des domaines aussi variés que l’agroécologie, le recyclage, la biodiversité ou les énergies renouvelables.
Un Impact Chiffré qui Parle
Les résultats, présentés par Constantin Nzati, chef du projet FSPI-TE, témoignent d’un impact significatif et multidimensionnel :
- Une mobilisation massive : Plus de 2 millions de personnes touchées directement et indirectement par les actions de sensibilisation.
- Un vivier d’acteurs cartographié : La création d’une base de données inédite recensant 1 270 acteurs engagés dans la transition écologique, répartis dans les dix régions du Cameroun. Cette cartographie est un outil précieux pour l’avenir de la gouvernance environnementale.
- Création d’emplois verts : La génération de 39 emplois directs et 152 indirects, prouvant que l’écologie peut être un moteur économique.
- Autonomisation des jeunes et des femmes : Une implication remarquable de la jeunesse, avec 60% des bénéficiaires étant des femmes, formées et devenues porteuses de projets dans leurs communautés.
« Ce projet a permis aux jeunes et aux communautés d’adopter de nouvelles habitudes pour mieux protéger notre nature », a déclaré Constantin Nzati, soulignant le changement comportemental durable induit par le programme.
Les Jeunes, Piliers de la Métamorphose Verte
L’un des grands succès du FSPI-TE réside incontestablement dans sa capacité à captiver et à responsabiliser la jeunesse camerounaise. Formés et accompagnés, de nombreux jeunes se sont mués en entrepreneurs verts. Dans les régions, de petites initiatives ont germé : compostage collectif, promotion des foyers améliorés, lutte contre la déforestation ou campagnes de sensibilisation dans les écoles. Ces actions, bien que localisées, traduisent une prise de conscience générationnelle et une volonté d’agir concrètement. « Les résultats obtenus montrent qu’une telle coopération peut réellement renforcer les capacités locales et stimuler l’innovation verte », confirme une bénéficiaire.

Défis Rencontrés et Leçons pour l’Avenir
Le parcours n’a pas été sans embûches. L’équipe du FSPI-TE a dû composer avec plusieurs difficultés structurelles :
- La résistance culturelle dans certaines localités où les pratiques traditionnelles s’opposent encore aux innovations écologiques.
- La difficulté à impliquer pleinement l’Administration publique dans la dynamique.
- Des contraintes budgétaires et l’insuffisance des ressources humaines spécialisées, rappelant la nécessité d’un investissement soutenu.
Malgré ces écueils, le projet a su s’adapter et démontrer sa résilience.
Bilan et Perspectives : Capitaliser pour l’Avenir
Alors que le projet arrive à son terme, Constantin Nzati a insisté sur l’impérieuse nécessité de la capitalisation. « Il s’agit de garder une trace claire de tout ce qui a été réalisé, afin de mieux diffuser ces actions à l’avenir », a-t-il expliqué. Une évaluation externe est prévue pour apporter un regard indépendant sur les résultats et valider la méthodologie.

Mais l’heure est aussi à la prospective. Le chef de projet a lancé un appel clair aux bailleurs de fonds, et plus précisément à l’Ambassade de France : « C’est un projet qui a généré environ 600 000 euros sur deux ans, dont 185 000 euros pour financer les projets locaux. On pense qu’on pourrait faire mieux. Nous sollicitons une phase deux, avec une enveloppe budgétaire bien plus importante. »
Un Modèle de Coopération Franco-Camerounaise
Le FSPI-TE est bien plus qu’un simple projet de financement ; il est salué comme un modèle de coopération. Il a réussi à créer des passerelles fertiles entre la science et les savoirs traditionnels, l’innovation et les pratiques communautaires, en plaçant résolument la société civile au centre des solutions. En clôturant les travaux, les responsables ont insisté sur la nécessité de pérenniser les acquis et de capitaliser sur les réseaux créés.

Un Héritage Durable
Le FSPI-TE laisse en héritage bien plus qu’une série de rapports et de chiffres. Il lègue une dynamique collective, une société civile camerounaise plus informée, plus formée et plus entreprenante sur les questions environnementales. Il a démontré, si besoin était, que la transition écologique n’est pas une affaire réservée aux seuls experts, mais une responsabilité partagée. En donnant les moyens aux communautés locales de devenir les actrices de leur propre changement, le FSPI-TE a tracé les bases d’un Cameroun où le développement et la durabilité ne sont plus perçus comme antagonistes, mais comme les deux faces indissociables d’un avenir commun à construire. La balle est désormais dans le camp des décideurs pour transformer cet essai prometteur en une politique pérenne.