ECONOMIE

Cacao camerounais : Un atelier national pour garantir l’accès au marché européen face au défi « zéro déforestation de l’UE

Written by Annette Olinga

L’Hôtel Djeuga de Yaoundé a abrité ce 25 Septembre, un atelier national de haute importance, marquant une étape cruciale dans l’adaptation de la filière cacao camerounaise aux exigences du marché international. Placé sous le patronage du Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural (MINADER), cet atelier avait pour objectif la validation des principaux livrables de l’étude sur l’évaluation des besoins des coopératives pour leur mise à niveau vis-à-vis du règlement 2023/1115 de l’Union Européenne sur la déforestation (RDUE).

Cet événement s’inscrit dans le cadre du dialogue continu entre l’Union européenne, le gouvernement camerounais, le secteur public, le secteur privé et la société civile. De ce dialogue ont émergé douze idées d’intervention stratégiques, baptisées « Cocoa Actions ». L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) s’est vue confier la mise en œuvre de cinq de ces actions phares.

Un Processus Collaboratif et Progressif

L’allocution d’ouverture de M. Antonio Querido, Représentant de la FAO au Cameroun, a situé l’importance de la journée dans un processus séquentiel et rigoureux. « Après la présentation et la validation des résultats des études sur le différentiel de revenu décent, nous avons poursuivi avec les résultats de l’ampleur du travail des enfants dans la filière cacao. Aujourd’hui vous sera présenté les besoins des coopératives pour leur mise en conformité avec le règlement zéro déforestation de l’Union européenne », a-t-il déclaré. Il a également annoncé la finalisation prochaine, d’ici novembre, d’outils cartographiques essentiels : les cartes du verger cacao, d’utilisation des sols et de probabilité de déforestation.

M. Querido a exprimé sa profonde gratitude envers le gouvernement camerounais pour sa confiance constante et envers l’Union européenne pour les ressources financières mobilisées. Il a souligné le caractère indispensable des livrables présentés, les décrivant comme des « outils de pilotage économique, politique et d’aide à la prise de décisions ». La FAO, a-t-il assuré, « s’engage à accompagner le Gouvernement dans cette mission vitale qui est celle de doter le Cameroun des documents à même de faciliter la commercialisation de son cacao vers l’Union européenne ».

La Vision Gouvernementale : Pragmatisme et Résilience

Prenant la parole au nom du Ministre de l’Agriculture et du Développement Rural empêché, le représentant du MINADER a insisté sur l’objectif opérationnel de l’atelier. « Cet atelier c’est pour valider les différents livrables pour mettre à niveau les différentes coopératives, pour faire face au règlement de l’union européenne. Ça va aider à travers des informations sur ce que les coopératives ont besoin de savoir, les domaines à mettre à niveau, et comment pour qu’ils soient à même d’exporter leurs fèves », a-t-il expliqué.

Affirmant la qualité et la compétitivité du cacao camerounais, il a tempéré les inquiétudes : « Le cacao camerounais n’a pas de difficulté à être commercialisé au marché de l’union européenne. Le règlement de l’union européenne vient mettre quelques contraintes, des difficultés à mettre à jour certaines capacités pour continuer à exporter ». Un message clair de résilience et de détermination à surmonter les défis réglementaires.

L’étude, financée par l’UE et appuyée techniquement par la FAO, a ciblé les cinq principaux bassins de production du pays (Centre, Sud-Ouest, Littoral, Sud et Est). Après une première validation technique par le Groupe Technique de Travail (GTT) le 22 septembre à Douala, l’atelier de Yaoundé visait à soumettre les livrables finaux à l’examen des acteurs nationaux. Ces livrables comprennent un recueil des besoins identifiés, un plan de renforcement des capacités et un plan d’investissement détaillé pour les coopératives, constituant le cœur du « Cocoa Action 8 ».

Vers un Cacao 100% Durable

M. Querido a conclu son intervention en se félicitant de la mise en œuvre au Cameroun du « Sustainable Cocoa Programme », une initiative qui intègre les trois piliers de la durabilité : économique, social et environnemental. Cette approche s’aligne parfaitement, a-t-il rappelé, avec le cadre stratégique de la FAO, résumé par la vision des « 4 Better » : « Better production, better nutrition, better environment, and better life » (Une meilleure production, une meilleure nutrition, un meilleur environnement, une meilleure vie). « Ces améliorations sont en fait les orientations que la FAO entend prendre pour contribuer directement à l’atteinte des Objectifs de développement durable », a-t-il affirmé.

La prochaine étape, après la validation des livrables, sera l’élaboration d’un plan opérationnel concret pour accompagner les organisations de producteurs dans leur transition. Le message aux coopératives est un message de vigilance et d’espoir : « Très chers Organisations des Producteurs, restons vigilants et notre cacao est exporté et sera de plus en plus exporté vers l’Union Européenne et même vers d’autres nouveaux marchés dans le monde. Il faudra juste continuer à respecter les bonnes pratiques sur le terrain ».

Cet atelier marque ainsi un pas décisif vers la sécurisation des débouchés européens pour le cacao camerounais. En transformant une contrainte réglementaire en une opportunité de modernisation et de durabilité, le Cameroun démontre sa volonté de maintenir sa position de leader sur le marché mond du cacao, dans le respect des hommes et de la forêt.

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