Le 96ᵉ Conseil stratégique et technologique (CST) de l’Association Africaine de l’Eau et de l’Assainissement (AAEA) a fermé ses portes ce mercredi 19 novembre 2025 à Yaoundé, après trois jours de travaux intensifs. Centré sur la recherche de leviers stratégiques pour une gestion durable des ressources en eau et le renforcement des services d’assainissement, cet événement a rassemblé une centaine d’experts internationaux et s’est conclu par l’adoption d’une feuille de route opérationnelle, annonçant déjà un rendez-vous continental majeur pour début 2026.
Les travaux ont été officiellement lancés le lundi 17 novembre par le ministre camerounais de l’Eau et de l’Énergie, Gaston Eloundou Essomba, en présence du Dr Blaise Moussa, directeur général de la Cameroon Water Utilities Corporation (Camwater) et président en exercice de l’AAEA . Cette cérémonie a placé d’emblée les débats sous le signe de l’urgence d’agir et de la nécessaire collaboration entre décideurs politiques, chercheurs et opérateurs de terrain.
La Camwater, établissement public créé en 2005 et chargé de la gestion du service public de l’eau potable dans les zones urbaines et périurbaines, a joué un rôle d’hôte et de facilitateur . Son expertise dans la planification, la construction et la maintenance des infrastructures d’eau a offert un cadre concret aux réflexions, rappelant que les résolutions devaient trouver une application tangible sur le terrain .
Des résolutions structurantes pour transformer le secteur
Les assises de Yaoundé ont permis de transformer les diagnostics partagés en un ensemble cohérent de recommandations, organisées autour de trois piliers stratégiques.
Pilier 1 : Renforcement de la Gouvernance et des Capacités
Les participants ont plaidé pour une accélération de l’opérationnalisation de l’Académie Africaine de l’Eau et de l’Assainissement. Celle-ci est envisagée comme un centre d’excellence pour la formation et le partage de connaissances, visant à renforcer les compétences techniques et managériales à l’échelle du continent.
Une attention particulière a été portée à l’harmonisation des politiques nationales avec les standards techniques internationaux, tels que les normes ISO. Cette mesure cherche à garantir la qualité et la pérennité des infrastructures tout en facilitant les échanges et les coopérations entre pays africains.
Pilier 2 : Innovation et Ingénierie Adaptée
Les résolutions appellent à privilégier les solutions techniques fondées sur les besoins locaux. Cela inclut la promotion de stations de traitement compactes, de technologies décentralisées accessibles aux zones rurales et périurbaines, et la valorisation énergétique ou agronomique des boues d’assainissement.
La création d’une plateforme africaine d’échanges sur les innovations du secteur a été actée. Cette mesure rejoint les initiatives pionnières comme l’expérimentation par la Camwater de compteurs d’eau intelligents à Douala et Yaoundé, lancée en 2020 pour améliorer la précision des relevés de consommation et la facturation . Ces projets pilotes, d’un montant total de près de 484 millions de FCFA, démontrent l’engagement à adopter des technologies de pointe pour résoudre des problèmes récurrents tels que la fiabilité des relevés manuels .
Pilier 3 : Mobilisation de Financements Innovants
Face à l’ampleur des investissements requis, le Conseil a préconisé la mise en place de mécanismes de financement hybrides, combinant fonds publics, investissements privés et aides internationales.
Un accent a été mis sur le soutien aux PME du secteur et sur l’adoption de cadres réglementaires qui favorisent la professionnalisation des services, notamment la chaîne de valeur de la vidange des fosses, du transport, du traitement et de la réutilisation des boues.
Tableau synthèse des résolutions clés du 96ᵉ CST de l’AAEA
| Domaine Stratégique | Recommandations Principales |
|---|---|
| Gouvernance | Opérationnaliser l’Académie Africaine de l’Eau ; Harmoniser les politiques avec les normes ISO. |
| Innovation & Ingénierie | Promouvoir les solutions techniques locales (stations compactes, technologies décentralisées) ; Créer une plateforme d’échange des innovations. |
| Financement | Mettre en place des mécanismes de financement hybrides ; Soutenir les PME et professionnaliser les services. |
Perspectives : Le prochain Congrès International de l’AAEA en 2026
Dans son discours de clôture, le Dr Blaise Moussa a invité l’ensemble de l’écosystème – opérateurs économiques, chercheurs, investisseurs et partenaires techniques – à se retrouver massivement pour le prochain Congrès international et Exposition de l’AAEA, prévu du 9 au 13 février 2026 à Yaoundé . Cet événement, présenté comme une étape décisive pour l’avenir hydrique de l’Afrique, sera l’occasion de concrétiser les résolutions de ce 96ᵉ Conseil, de présenter des technologies innovantes et de sceller de nouveaux partenariats.
Les résolutions adoptées à Yaoundé dessinent une vision intégrée pour un secteur de l’eau et de l’assainissement plus résilient, innovant et inclusif en Afrique. Leur mise en œuvre effective, qui passera par la mobilisation de tous les acteurs dès le congrès de février 2026, sera déterminante pour répondre aux défis immenses de l’accès à l’eau et à l’assainissement pour tous sur le continent.
