SOCIETE

CNUDHD-AC: Le Cameroun finalise son plan pour protéger, respecter et réparer les droits de l’homme face aux activités économiques

Written by Annette Olinga

Les 12 et 13 novembre 2025, l’Hôtel Dajoll de Mbankomo a abrité un atelier pour l’avenir de la gouvernance économique et des droits humains au Cameroun. Organisé par le Centre des Nations Unies pour les Droits de l’Homme et la Démocratie en Afrique Centrale (CNUDHD-AC) en partenariat avec le gouvernement camerounais, cet atelier de suivi marque une étape décisive dans l’intégration des Principes directeurs des Nations Unies (PDNU) relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme dans les secteurs clés de l’économie.

Cet atelier s’inscrit dans la phase finale d’un processus national d’évaluation de référence lancé en janvier 2025. Comme l’a rappelé Madame Nadine Wilson, Officier des droits de l’homme au CNUDHD-AC, « Mbankomo était la phase qui a permis de présenter les premières conclusions, mais aujourd’hui nous venons un peu plus en détail pour traiter chaque question abordée ».

Le cheminement a été méthodique : un premier atelier de cadrage en avril 2025 à Mbankomo avait permis d’identifier quatre secteurs prioritaires – la foresterie, les mines, les agro-industries et les grands projets d’infrastructures. Un second atelier à Mbalmayo en octobre 2025 avait présenté des résultats intermédiaires, posant les bases des discussions approfondies de novembre.

Objectif central : finaliser le cadre national « Entreprises et Droits de l’Homme »

La finalité immédiate de cet atelier est double : parachever l’évaluation de référence et élaborer la contribution camerounaise au chapitre « Entreprises et droits de l’homme » du Plan d’action national pour la promotion et la protection des droits de l’homme (PANPPDH), actuellement en révision au Ministère de la Justice (MINJUSTICE).

L’objectif, ambitieux, est de faire du Cameroun une « référence de bonnes pratiques » en Afrique centrale, en s’assurant que « dans les secteurs structurants, l’activité économique du secteur privé intègre les trois piliers des PDNU : protéger, respecter et réparer », comme l’a souligné Nouhoum Sangaré, Directeur du CNUDHD-AC, lors de l’atelier de Mbalmayo.

Une approche sectorielle pour des défis concrets

La méthodologie de l’atelier a été conçue pour une analyse en profondeur. Les participants, une trentaine d’experts et de parties prenantes, ont travaillé en groupes sectoriels distincts pour :

  • Identifier les avancées et les bonnes pratiques dans chaque secteur à la lumière des PDNU.
  • Diagnostiquer les lacunes et les défis persistants, en se concentrant sur des questions cruciales comme les droits du travail et l’accès aux voies de recours pour les communautés.

Madame Wilson a insisté sur ce dernier point : « On se rend compte que quand les communautés sont souvent affectées par des projets, elles n’ont pas toujours les moyens… elles n’ont pas la personnalité juridique. Donc l’idée c’était de voir comment est-ce qu’on peut avoir des mécanismes non judiciaires qui permettent aux communautés de trouver gain de cause auprès des investisseurs… mais aussi de voir comment est-ce que les mécanismes judiciaires… peuvent mieux tenir compte des droits des communautés. »

Des résultats tangibles pour une feuille de route opérationnelle

Les résultats attendus de ces deux jours de travaux sont concrets et orientés vers l’action :

  1. Une analyse approfondie et consolidée des progrès et des lacunes par secteur, permettant de finaliser l’évaluation de référence nationale.
  2. Une ébauche solide du chapitre « Entreprises et droits de l’homme » du PANPPDH, intégrant des propositions concrètes de réformes juridiques, d’actions prioritaires et d’indicateurs de suivi.
  3. Une feuille de route participative pour 2025-2026, définissant un cadre de collaboration clair entre l’État, le système des Nations Unies, le secteur privé et la société civile pour le suivi des recommandations.

Vers une économie camerounaise plus inclusive et respectueuse des droits

L’atelier de Mbankomo représente bien plus qu’une simple réunion technique. Il est la concrétisation d’une volonté politique et d’un engagement multipartite pour aligner le développement économique du Cameroun, en particulier dans l’exploitation de ses riches ressources naturelles, sur les standards internationaux les plus exigeants en matière de droits de l’homme.

En se dotant prochainement d’un chapitre dédié dans son Plan d’action national, le Cameroun s’engage résolument sur la voie d’une gouvernance responsable, où la croissance économique rime avec la protection des droits des travailleurs, le respect des communautés locales et autochtones, et l’accès effectif à la justice pour tous. Le travail de fourni lors de cet atelier jette les bases solides de cet édifice essentiel pour l’avenir du pays.

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