Ils étaient des milliers, trempés jusqu’aux os, mais inébranlables dans leur conviction. Sous un déluge qui semblait vouloir éprouver leur foi politique, les militants du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) du département du Fako ont offert au Premier ministre, Dr Joseph Dion Ngute, une image puissante de leur résilience. Une image qu’il a su transformer en un message politique sans équivoque : le 12 octobre, Fako doit voter massivement pour le président sortant Paul Biya, garant de la paix, du développement et de la continuité.
Ce grand rassemblement de campagne, bien plus qu’un simple meeting, s’est transformé en une démonstration de force et en une plateforme d’engagements renouvelés pour cette région du Sud-Ouest, meurtrie par des années de crise mais présentée aujourd’hui comme le bastion de la stabilité.

Une Fidélité à Toute Épreuve
L’événement a drainé une foule impressionnante venue de tous les coins du Fako. Ministres, parlementaires, maires, responsables du parti et chefs traditionnels : l’écurie présidentielle avait fait le déplacement pour cette mobilisation cruciale. Présentant la manifestation, la ministre de l’Enseignement secondaire, le Professeur Nalova Lyonga, a immédiatement campé le décor en saluant la « résilience, la loyauté et la participation » d’un peuple qu’elle a décrit comme étant « de vérité, de courage et de conviction ».
« Nous ne laisserons pas notre destin entre les mains de personnes que nous ne connaissons pas ; ceux qui étaient avec nous hier et qui nous ont tourné le dos aujourd’hui », a-t-elle lancé sous les acclamations. Une phrase cinglante qui visait directement l’opposition et les dissidents, résumant la stratégie de campagne : la peur de l’inconnu face à la certitude d’un leadership éprouvé.
« Fako a Tué un Éléphant » : Le Symbole d’une Victoire Annoncée
Lorsque le Premier ministre Dion Ngute a pris la parole, l’enthousiasme de la foule a atteint son paroxysme. Porteur des « salutations chaleureuses » du président Biya, le chef du gouvernement a salué un courage qui, selon lui, entre déjà dans l’histoire. « Fako, vous avez tué un éléphant », a-t-il asséné, métaphore puissante immédiatement saisie par l’assistance. Dans le langage politique local, cela signifie que le département a déjà accompli l’essentiel : démontrer sa force et son soutien indéfectible, scellant ainsi le sort de l’élection dans cette région.

Le Premier ministre n’a pas éludé la crise qui a secoué les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Au contraire, il en a fait un argument majeur. « Vous n’avez pas soutenu la crise, et c’est pourquoi Fako reste aujourd’hui la circonscription la plus sûre », a-t-il affirmé, remerciant la population pour avoir ouvert ses portes aux déplacés. Un message clair : la loyauté envers le régime a été payante en termes de sécurité relative et sera récompensée.
Les Preuves par les Actes : Le Développement en Marche
Au-delà des slogans, le discours du Premier ministre a été marqué par une série d’annonces concrètes, destinées à ancrer la promesse de « continuité » dans la réalité.
- La CDC sauvée : Dion Ngute a annoncé que le président Biya avait approuvé le déblocage de plus de 35,75 milliards de FCFA sous forme de subvention à la Cameroon Development Corporation (CDC). Cette manne vise à garantir le paiement de tous les salaires impayés, soulignant la volonté de l’État de protéger le principal pourvoyeur d’emplois de la région, qui n’a, selon lui, licencié aucun travailleur malgré la tourmente, sur instruction expresse du président.
- Les Infrastructures en Attente : Le Premier ministre a apporté des nouvelles très attendues des grands projets d’infrastructures. Les travaux des routes Bekoko-Idenau et Buea-Limbé débuteront avant la fin de l’année, un protocole d’accord ayant déjà été signé. Surtout, il a confirmé que le port en eau profonde de Limbé n’était plus un « simple projet » mais une « réalité en cours de réalisation », dont les phases de faisabilité et de mise en œuvre sont déjà avancées.
- L’Hôpital de Buea : Concernant l’hôpital régional de référence de Buea, dont les travaux ont été retardés par l’insécurité, les entrepreneurs auraient assuré une reprise prochaine, l’ouvrage étant actuellement achevé à 20%.
« Le Président a tenu parole envers les habitants de Fako et du Sud-Ouest. Ce n’est pas le moment de se lancer dans de nouvelles aventures politiques. Il est temps de récolter ce que nous avons semé », a plaidé Dion Ngute, martelant l’idée que le vote pour Biya est un vote pour la concrétisation de ces projets.
La Mise en Garde contre « l’Aventure » et « les Opportunistes »
La stratégie de la peur a été reprise avec force par les autres orateurs. Le sénateur Mbella Moki Charles a fustigé les candidats de l’opposition, les qualifiant sans ambages d’« opportunistes politiques » en quête d’intérêts personnels.
« Ne suivez pas les détracteurs au nom des candidats. Ils cherchent à tromper les Camerounais pour leurs propres intérêts », a-t-il mis en garde. Il a opposé à ces « inconnus » le bilan et l’expérience du président Biya. « Parmi les 12 candidats, seul le président Paul Biya possède la vision, la stabilité et l’expérience nécessaires pour défendre les intérêts du Cameroun. »
Son argument a porté sur le tangible : « Le président Paul Biya fait campagne sur la base de récompenses, et non de promesses. » Il a rappelé les importants projets d’infrastructures et les nominations des fils et filles du Fako à des postes clés, laissant entendre que cette dynamique serait compromise par un vote de rupture.
L’Engagement Solennel et la Route Vers les Urnes
Plus tôt, le président de la section Fako 1A du RDPC, Ludwig Makaka Williams, avait planté le décor en qualifiant la visite du Premier ministre d’« opportune et inspirante ». Il en a profité pour réaffirmer le soutien indéfectible de sa circonscription. « Monsieur le Premier ministre, Fako 1A soutient fermement le président Paul Biya. Nous vous assurons de notre soutien total et inconditionnel et vous assurons d’une victoire à 100% pour notre champion. »
Alors que la manifestation s’achevait, les slogans « Paul Biya ! Paul Biya ! » ont résonné dans le centre-ville de Limbé, portés par une foule galvanisée. La pluie avait cessé, laissant place à une détermination froide. Le message était passé, mélange de reconnaissance, de promesses de développement et de mises en garde. La balle est maintenant dans le camp des électeurs du Fako, à qui l’on a demandé de transformer en votes, le 12 octobre, l’enthousiasme trempé de ce mardi historique à Limbé. Pour le RDPC, il ne s’agit pas seulement d’une élection, mais de la juste récompense d’une loyauté qui, comme les militants sous la pluie, est restée inébranlable.