La 47ème session du Comité de concertation et de suivi du dialogue social s’est tenue ce 28 Octobre 2025. Cette rencontre présidée par le ministre travail et de la sécurité sociale Grégoire Owona , a réuni les principaux leaders syndicaux, avait pour objectif central de trouver des stratégies innovantes pour améliorer les conditions des travailleurs et intégrer durablement le secteur informel, pilier méconnu de l’économie nationale.
L’urgence de la situation a été unanimement soulignée par les représentants syndicaux, notamment Issac Bissala de l’Union Générale du Cameroun et Pierre Nyemeck Ntamack de la Confédération Générale des Syndicats des Travailleurs du Cameroun (CGSTC). Ce dernier a insisté sur le poids colossal de ce secteur, qui, selon la troisième Enquête sur l’Emploi et le Secteur Informel (EESI3) de l’Institut National de la Statistique, représente près de 86,6% de l’emploi national.
Cette vaste économie de l’ombre se compose principalement d’activités non agricoles (52%) et agricoles (34,6%). Malgré son rôle vital dans la création de revenus, elle reste largement en marge des circuits formels : les travailleurs perçoivent un revenu mensuel moyen estimé à 83 409 FCFA, échappant souvent à toute protection sociale, réglementation administrative ou fiscalité.
La formalisation : une priorité nationale
Face à ce défi, le Ministre Grégoire Owona a réaffirmé la volonté du gouvernement de « réguler le secteur informel pour l’intégrer au système formel, afin d’améliorer les conditions des travailleurs et de renforcer l’économie nationale ». Il a toutefois reconnu les obstacles persistants, notamment « les lenteurs administratives et la multiplicité des procédures », qui freinent cette transition.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la Stratégie Nationale de Développement (SND30), qui vise à réduire progressivement le poids de l’informel. Elle s’appuie sur une synergie d’actions menées par le Ministère des Petites et Moyennes Entreprises, de l’Économie Sociale et de l’Artisanat (MINPMEESA), en collaboration avec des partenaires internationaux comme le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).
Des propositions concrètes sur la table
Pour atteindre cet objectif ambitieux, les syndicats ont présenté une série de mesures pragmatiques. Parmi les pistes évoquées figurent en bonne place :
- La mise en place de Centres de Gestion Agréés (CGA) pour accompagner les entrepreneurs.
- La facilitation des démarches administratives pour réduire les délais et les coûts d’enregistrement.
- L’encouragement à l’ouverture de comptes bancaires et à la tenue de cahiers comptables, premiers pas vers une gestion structurée.
Cette concertation marque une prise de conscience collective de la nécessité de valoriser l’ensemble des travailleurs camerounais. La transition réussie de millions d’acteurs de l’économie informelle vers un cadre structuré représente non seulement un enjeu de justice sociale, mais aussi un impératif pour le développement économique durable du Cameroun. La balle est désormais dans le camp du gouvernement pour transformer ces discussions en actions concrètes et palpables sur le terrain.


