POLITIQUE

Soutenir Paul Biya pour lui succéder : La stratégie dévoilée de Jean Blaise Gwet

Written by Annette Olinga

Dans une déclaration politique majeure à quelques jours du scrutin présidentiel, Jean Blaise Gwet, président du Mouvement Patriotique pour le Changement du Cameroun (MPCC), a annoncé ce 6 Octobre, son soutien “réfléchi et patriotique” au président sortant Paul Biya. Lors d’une conférence de presse solennelle tenue ce lundi dans la capitale, le leader politique, souvent présenté comme porteur d’une “troisième voie”, a justifié ce ralliement par “la nécessité de préserver la stabilité nationale” dans un contexte régional volatile.

Si son soutien à Paul Biya est sans équivoque pour l’élection du 12 octobre, Jean Blaise Gwet n’occulte pas ses ambitions personnelles. “Lorsque viendra le temps du changement véritable, pacifique et démocratique, le Cameroun aura besoin d’un troisième Président, d’un bâtisseur, d’un unificateur, d’un patriote”, a-t-il affirmé. “Je le dis sans orgueil, mais avec foi : je me prépare à être cet homme.”

Cette projection à long terme s’accompagne d’une stratégie politique concrète : le recrutement de Camerounais “de l’intérieur et de la diaspora” pour candidater aux postes de conseillers municipaux, de maires et de députés lors des élections de février 2026. “Le véritable changement ne commence pas forcément par le sommet, mais dans les villages, dans les communes, dans nos Mairies et à l’Assemblée nationale”, a-t-il plaidé.

Un ralliement stratégique, fruit de “larges consultations”

M. Gwet, candidat à plusieurs élections présidentielles depuis la création du MPCC en 2009, a longuement expliqué les raisons de ce repositionnement. “Ces dernières semaines, j’ai mené de larges consultations avec les candidats en lice, leurs équipes, ainsi qu’avec des membres influents de la société civile, du clergé, du monde économique et de la diaspora“, a-t-il déclaré. Ces échanges lui ont révélé “une inquiétude grandissante : celle d’un pays menacé par la division, la colère et la tentation du chaos”.

Dans une analyse géopolitique fine, l’ancien candidat a mis en garde contre “les ennemis du Cameroun” qui, selon lui, “veulent continuer à confisquer notre indépendance et nos matières premières”. Il a dénoncé une stratégie de déstabilisation qui consisterait à “fabriquer vos propres frères, qui deviendront d’autres serviteurs du colon et vos propres bourreaux“.

Ni reddition ni trahison, mais “un acte de responsabilité”

Face à ce qu’il perçoit comme un risque de fragmentation nationale, Jean Blaise Gwet a présenté son soutien à Paul Biya comme un choix patriotique éclairé. “Ce choix n’est ni une reddition, ni une compromission, ni une faibreté, encore moins une trahison. C’est un acte de responsabilité, de lucidité et d’amour pour le Cameroun et pour notre peuple”, a-t-il affirmé sous les flashs des photographes.

Le président du MPCC a particulièrement insisté sur la nécessaire préservation des institutions : “Paul Biya, malgré son âge et son long parcours, demeure le seul garant de la stabilité nationale immédiate.” Une position qui contraste avec son discours de campagne habituel, mais qu’il justifie par la nécessité de “préparer sereinement l’avènement du Cameroun de demain“.

Un programme de gouvernement alternatif partiellement validé

Element marquant de son discours, Jean Blaise Gwet a révélé avoir “longuement échangé avec les émissaires de son Excellence Monsieur le Président Paul Biya” sur les projets portés par le MPCC. “J’ai compris que certaines de nos projets rencontrent une réelle écoute du Président de la République, qui apprécie notre démarche innovatrice“, a-t-il confié.

Parmi les propositions phares du MPCC figurent des projets ambitieux dans les secteurs de la santé, des infrastructures de transport – dont un métro entre le centre-ville de Yaoundé et l’aéroport de Nsimalen –, des télécommunications, de l’eau, de l’électricité et de l’innovation technologique. Le mouvement dit avoir établi “des relations solides avec des partenaires nationaux et internationaux, prêts à contribuer au financement et à la mise en œuvre de projets structurants”.

Réhabilitation d’Ahidjo et statut spécial des anciens chefs d’État

Parmi les propositions les plus symboliques avancées par Jean Blaise Gwet figure la “réhabilitation des droits de l’ancien Président le regretté S.E. Hamadou Ahidjo et ceux de sa famille”, présentée comme “une priorité”. Le leader du MPCC s’est engagé à œuvrer pour “le transfert de sa dépouille en terre natale suivi d’un deuil national et des obsèques que mérite la dépouille de tout chef d’État”.

Il propose également “la mise en place d’un statut spécial pour tous les anciens Chefs d’État camerounais et leurs familles”, ainsi qu’un “soutien de l’État” aux anciennes Premières Dames pour “continuer à œuvrer en faveur des plus démunis”.

Un appel à la diaspora et une feuille de route pour l’après-2025

Dans un message spécifique à la diaspora, Jean Blaise Gwet a appelé ses compatriotes à “ne pas se limiter qu’à envoyer de l’argent au pays, mais à participer directement à la vie publique et politique du Cameroun”. Une invitation à investir les institutions locales pour “bâtir avec nous un Cameroun prospère et digne de son peuple”.

En conclusion de cette déclaration d’une heure, le président du MPCC est resté fidèle à sa ligne : “Je reste fidèle à ma mission : préparer la génération nouvelle à bâtir un Cameroun digne, juste et prospère.” Son mouvement, affirme-t-il, “reste un mouvement indépendant, républicain et visionnaire”, mais qui choisit, pour cette élection cruciale, de s’inscrire dans “la caravane de Paix et de prospérité : Paul BIYA – Jean Blaise GWET ‘MPCC'”.

Ce ralliement, s’il déçoit certains partisans d’une alternance immédiate, illustre les recompositions tactiques à l’œuvre dans le paysage politique camerounais à l’approche du scrutin présidentiel. Il démontre également la persistance de Paul Biya comme figure d’équilibre dans un contexte régional troublé, capable de rallier jusqu’à certains de ses anciens challengers.

About the author

Annette Olinga

Leave a Comment