AFRIQUE/MONDE

« Unstoppable Africa 2025 » : Yaoundé connectée à New York pour écrire un nouveau chapitre de la croissance africaine

Written by Annette Olinga

Alors que les néons de Times Square illuminaient les ambitions économiques du continent, c’est depuis le Centre d’Information des Nations Unies à Yaoundé que des journalistes camerounais, réunis sous la bannière du UN Press Club Cameroun, ont suivi en direct, ce 22 septembre 2025, le forum « Unstoppable Africa ». Une connexion symbolique qui a transcendé les fuseaux horaires, plaçant le Cameroun en observateur privilégié d’un événement destiné à redéfinir la place de l’Afrique dans l’économie mondiale.

Times Square, épicentre d’un nouveau récit pour l’Afrique

Le rassemblement de haut niveau, qui se tenait au Marriott Marquis à Times Square sous l’égide du Secrétaire général de l’ONU António Guterres et du Président de la Commission de l’Union africaine Mahmoud Ali Youssouf, a acté un changement de paradigme historique. Il ne s’agit plus de saisir des opportunités « en Afrique », mais bien « avec l’Afrique ». Un message porté avec force par les modérateurs Larry Madowo (CNN) et Folly Bah Thibault (Al Jazeera), et repris en écho par la communauté des affaires et les décideurs politiques.

« Le monde se réunit à une époque de turbulences et d’opportunités, et l’Afrique est au cœur de ces opportunités », a déclaré António Guterres dans son allocution liminaire, citant la démographie jeune, les ressources énergétiques et la créativité entrepreneuriale comme les atouts maîtres du continent. Sanda Ojiambo, Secrétaire générale adjointe du Pacte mondial de l’ONU, a enfoncé le clou : « Le moment est venu d’adopter un nouveau discours pour l’Afrique. Ce changement narratif est impératif. »

Un huis clos stratégique et un plaidoyer du secteur privé

Parmi les temps forts de cette première journée, un huis clos a réuni le Secrétaire général de l’ONU, le Président de la Commission de l’UA, le Président angolais João Lourenço, le Secrétaire général adjoint de l’ONU et l’homme d’affaires Strive Masiyiwa, aux côtés de chefs d’entreprise africains. Quatorze PDG, représentant des entreprises basées dans 16 pays et un chiffre d’affaires combiné de 22 milliards de dollars, ont lancé un appel commun pour une amélioration de l’environnement des affaires. Leur demande : des politiques publiques favorables à la croissance industrielle, au commerce régional et aux investissements de long terme.

« Unstoppable Africa est devenu une plateforme solide qui permet aux dirigeants africains et internationaux de dialoguer avec l’Afrique », a souligné Strive Masiyiwa, fondateur d’Econet Global, validant ainsi le rôle de cette initiative née en 2022 pour rééquilibrer les relations commerciales.

Commerce, minéraux critiques et financement : les piliers de la transformation

Les sessions thématiques ont mis en lumière les leviers concrets de cette ambition.

1. Le commerce dans un monde fragmenté
La Directrice générale de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, a souligné que dans un contexte de montée du protectionnisme, l’Afrique apparaît comme une destination de choix pour diversifier les chaînes d’approvisionnement. Les opportunités dans le textile, l’huile de palme ou la transformation locale des minéraux critiques – dont le continent détient plus d’un tiers des réserves mondiales – ont été citées comme prioritaires. Le Président angolais, João Lourenço, a rappelé le rôle stratégique du Corridor de Lobito, une artère connectant les océans Atlantique et Indien, pour stimuler le commerce intra-africain. Le Président botswanais Duma Boko a, quant à lui, plaidé pour une harmonisation urgente des lois et des systèmes à l’échelle continentale.

2. La souveraineté sur les minéraux critiques
Une session dédiée a acté le rôle central de l’Afrique dans l’approvisionnement en minéraux essentiels à la transition énergétique. Bogolo Kenewendo, Ministre des Minéraux et de l’Énergie du Botswana, a présenté une stratégie visant à développer des pôles de transformation locaux autour des mines. Une nécessité également défendue par Paul Hinks (Symbion Power), qui a pointé la dépendance mondiale actuelle à la Chine et la demande croissante de chaînes d’approvisionnement alternatives et résilientes.

3. Mobiliser l’épargne locale pour les infrastructures vertes
La question du financement a trouvé une réponse forte avec l’intervention d’Alain Ebobissé, CEO d’Africa50. Il a appelé à une mobilisation massive de l’épargne institutionnelle africaine, qui gère plus de 2 000 milliards de dollars mais n’alloue aujourd’hui que moins de 3 % aux infrastructures. « Porter cette proportion à 5 % pourrait réduire considérablement le déficit de financement », a-t-il affirmé, appelant les Africains à « prendre en main le développement du continent ». Le Dr. Rajiv Shah, Président de la Rockefeller Foundation, a annoncé que 32 pays s’apprêtaient à signer des accords énergétiques visant à mobiliser plus de 50 milliards de dollars pour étendre l’électrification, soutenant ainsi « Mission 300 ».

Une dynamique à concrétiser pour les populations

Alors que le forum se poursuit à New York, son retentissement à Yaoundé démontre l’implication des acteurs camerounais et africains dans l’écriture de ce nouveau récit. La table ronde de l’Africa Business Leaders Coalition (ABLC), où 14 PDG ont appelé à une réglementation harmonisée auprès de la Commissaire à l’Économie de l’UA, Selma Malika Haddadi, en est une parfaite illustration.

« Unstoppable Africa est plus qu’un slogan. C’est avant tout la reconnaissance de notre potentiel et une détermination à agir pour transformer le quotidien des citoyens africains », a conclu Mahmoud Ali Youssouf. Le défi est maintenant de traduire ces engagements en actions tangibles, afin que la croissance soit inclusive et durable. La connexion établie entre Yaoundé et New York ce 22 septembre n’est peut-être que la première étape d’une collaboration renouvelée, où le Cameroun, et avec lui tout le continent, entendent bien passer de l’ombre des salles de presse à la lumière des grands décideurs économiques.

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