Sous le thème éloquent « Défis et enjeux de la prise en charge des Hépatites virales au Cameroun », les Journées des Hépatites virales B et C ont débuté ce mercredi 23 juillet 2025 à l’Hôpital de Référence de Sangmélima. L’événement, organisé par le Chef de Département de Médecine Interne et Spécialités de la FMSP -UEb à Sangmélima, le Pr. Noah Noah Dominique, et son équipe enseignante, vise à renforcer la lutte contre ces maladies silencieuses et dévastatrices.
Une journée inaugurale riche en échanges scientifiques
La cérémonie d’ouverture officielle a eu lieu en présence de personnalités éminentes, dont le Pr. Pascal Foumane, Doyen de la FMSP -UEb et représentant du Recteur de l’Université d’Ebolowa, ainsi que le Chef du District de Santé de Sangmélima, Célestin Onguene Ebode.

Le Déjeuner Scientifique, point d’orgue de cette première journée, a permis aux universitaires et chercheurs de partager les résultats de leurs travaux. Plusieurs thèmes majeurs ont été abordés, mettant en lumière la situation épidémiologique et les défis de la prise en charge des hépatites au Cameroun :
- Profil épidémiologique et thérapeutique des Hépatites virales chroniques B et C à Sangmélima : Dr. Claire Sandrine NGONO a présenté 30 cas de l’Hôpital de Référence de Sangmélima, soulignant la fréquence et l’évolution de ces hépatites, ce qui nécessite un renforcement du dépistage et de la prise en charge.
- Prévention de la transmission Mère-Enfant de l’Hépatite B et C au CHR d’Ebolowa : Dr. Lydienne Bilo’o a insisté sur l’efficacité de la sérovaccination post-accouchement et la vaccination complète pour l’immunisation des nouveau-nés de mères positives à l’AgHbs.
- Séroprévalence de l’Hépatite B chez l’enfant : Dr. Nelly ATEBA a réaffirmé, à travers une revue de la littérature, que la vaccination demeure le moyen le plus efficace de prévention.
- Hépatite aiguë à présentation atypique chez l’enfant drépanocytaire : Le cas présenté par le Dr. Marceline Nina EHOUZOU MANDENG a mis en évidence l’importance d’inclure l’hépatite virale aiguë dans le diagnostic différentiel systématique de tout ictère fébrile chez l’enfant drépanocytaire.
- Dépression et anxiété chez les patients atteints d’hépatites virales chroniques B et C : Dr. Ntone Enyime a souligné la nécessité d’une prise en charge multidisciplinaire, incluant dépistage systématique et interventions psychologiques.
- Prévalence et facteurs de l’Hépatite virale B au Centre Hospitalier Régional d’Ebolowa : Dr. MESSAKOP a confirmé que l’hépatite B reste un problème de santé chez les femmes enceintes suivies au CHRE, avec des facteurs de risque identifiés conformes à la littérature.
- Bilharziose Hépato-splénique et hémorragie digestive : Le Dr. BIDJOGO Epse GWET, à travers un cas de l’Hôpital Général de Douala, a mis en lumière le sous-diagnostic de la bilharziose hépatique et l’apport des TIPS (Transjugular Intrahepatic Portosystemic Shunt) pour l’amélioration du pronostic.
- Accidents vasculaires cérébraux au Centre Hospitalier Régional d’Ebolowa : Le Dr. Huguette Noëlle ATANGANA EKODO a souligné la persistance des AVC comme problème de santé publique, insistant sur le renforcement de la prévention et de la prise en charge des facteurs de risques cardiovasculaires.
- Utilisation du Cardiopad en milieu rural : Dr. Achille NGBWA EVINA a présenté une étude pilote à l’Hôpital de District de Mokolo 2, montrant la facilité d’utilisation du Cardiopad et son excellent taux de réussite des ECG (98,3%) en milieu rural.
- Traumatismes de la région auriculotemporale par coup direct : Dr. Véronique-Jordane MBOUA NDENGA Epse Ndille Ossom a alerté sur la gravité des lésions pouvant découler de ces traumatismes, à partir de 20 cas observés à Ebolowa.
- Hyperandrogénie virilisante et syndrome des ovaires polykystiques : Dr. Bénédicte Mengue Eba a abordé la rareté de ce syndrome et la difficulté des investigations approfondies dans les pays à ressources limitées.
La qualité des exposés a été unanimement saluée par les participants, impatients d’assister au Grand Symposium prévu pour le vendredi 25 juillet 2025.
Dépistage et vaccination : Les clés de la prévention
Dans son allocution, le Pr. Noah Noah Dominique a rappelé que ces journées sont une initiative du Département de Médecine Interne et Spécialités pour dédier trois jours à la lutte contre les hépatites virales. Il a insisté sur le fait que les hépatites B et C, souvent asymptomatiques, évoluent silencieusement vers la cirrhose et le cancer du foie.

« Pour savoir qu’on est atteint, il faut se faire dépister », a martelé le Pr. Noah Noah Dominique, soulignant la confusion fréquente des symptômes de la phase aiguë avec ceux du paludisme. Il a réaffirmé que le dépistage est le seul moyen de diagnostiquer une hépatite virale chronique et d’entamer un suivi, notamment à l’Hôpital de Référence de Sangmélima.

Le Pr. Pascal Foumane, Doyen de la FMSP -UEb, a salué cette « heureuse initiative » patronnée par le Recteur de l’Université d’Ebolowa, le Pr. Etoa Etoa Jean Bosco. Il a rappelé la mortalité et les séquelles importantes des hépatites, notamment via les complications comme le cancer du foie et la cirrhose.
Le Pr. Foumane a lancé un appel vibrant à la population : « Il y a des journées de dépistage qui sont organisées ici. J’invite la population à venir à l’hôpital de référence pour se faire dépister. Il y a un vaccin qui existe, il faut faire vacciner tous nos enfants contre l’hépatite. Par ailleurs, les femmes enceintes doivent se faire systématiquement dépister par rapport à l’hépatite B. Il existe des moyens pour prévenir la transmission à l’enfant. Lorsqu’un nouveau-né est contaminé, ses chances de survie sont faibles. 90% de ces enfants finissent par développer des complications de l’hépatite B. »
La campagne de dépistage gratuit des hépatites virales B et C démarrera ce 24 juillet à 8h, offrant une opportunité cruciale à la population de Sangmélima de se faire tester et, si nécessaire, d’être orientée vers une prise en charge adaptée.