SOCIETE

30ème JMFR à Songmbengue: Plaidoyer des femmes sur l’accès à la terre, les infrastructures et les défis climatiques

Written by Annette Olinga

L’esplanade du stade de Songmbengue, dans la commune de Massok Songloulou (région du Littoral), a servi de cadre, ce vendredi 17 octobre 2025, à une cérémonie riche en symboles et en engagements pour la 30ème édition de la Journée Mondiale de la Femme Rurale (JMFR). Présidée par Mme ABENA ONDOA née OBAMA Marie Thérèse, Ministre de la Promotion de la Femme et de la Famille (MINPROFF), et placée sous le thème « FEMMES RURALES FACE AUX DÉFIS DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET DE L’ACCÈS AUX RESSOURCES PRODUCTIVES », cette commémoration a été un moment fort de reconnaissance, de dialogue et de projection pour l’avenir des femmes qui nourrissent le Cameroun.

Dès les premières heures, l’esplanade a vibré au rythme des chants et des danses des femmes rurales venues des quatre coins de la région du Littoral, arborant pour la circonstance leurs plus beaux pagnes, symboles de fierté et de résilience. La cérémonie, courue, a vu la présence notable de M. Jean Ernest Ngalle Bibehe, Ministre des Transports, ainsi que des autorités administratives, religieuses et traditionnelles de la commune. Cette convergence des acteurs a souligné l’importance transversale accordée à la question du développement rural et de l’autonomisation des femmes.

Thématique 2025 : Une Résonance Cruciale avec les Réalités Terrain

Le thème de cette 30ème édition, « Femmes rurales face aux défis des changements climatiques et de l’accès aux ressources productives », n’a pas été choisi au hasard. Il épouse parfaitement les préoccupations quotidiennes de millions de Camerounaises qui, tout en étant les piliers de la sécurité alimentaire nationale, subissent de plein fouet les aléas climatiques et peinent à accéder aux ressources fondamentales que sont la terre, le crédit et les infrastructures.

Visites et Démonstrations : Les Prouesses à l’Honneur

Le cœur de la cérémonie a résidé dans la démonstration tangible du génie entrepreneurial des femmes rurales. La délégation ministérielle, conduite par Mme Abena Ondoa, a inauguré les festivités par une visite approfondie de l’usine de production de champignons dirigée par les femmes du RAFAM (Réseau des Associations de Femmes Actives de la Sanaga Maritime). Cette immersion a permis de « toucher du doigt » des modèles économiques innovants et durables.

Par la suite, la visite des stands a offert un panorama impressionnant du savoir-faire agricole et artisanal local. Des productions de miel et d’escargots aux transformations agro-alimentaires, en passant par l’artisanat, chaque stand racontait une histoire de persévérance et de créativité. Cinq d’entre eux, jugés les plus méritants, ont été récompensés par des prix d’encouragement, soulignant la volonté des pouvoirs publics de valoriser l’excellence.

Plaidoyer et Doléances : La Voix Portée des Femmes Rurales

Dans un discours poignant, la représentante des femmes rurales, Dr Évelyne Pagal, également Présidente du RAFAM, a exprimé sa gratitude pour le choix de Songmbengue comme ville hôte. Au-delà des remerciements, son intervention a été un plaidoyer lucide et structuré pour lever les goulots d’étranglement qui entravent leur plein épanouissement.

Elle a pointé du doigt deux défis majeurs :

  1. L’accès à la terre : Une problématique persistante qui limite leur capacité d’investissement et de production à grande échelle.
  2. La question cruciale du transport et des infrastructures routières : L’état impraticable des routes complique l’acheminement des produits vers les marchés, augmentant les pertes post-récolte et freinant l’insertion dans les chaînes de valeur.

Dr Pagal a également présenté les activités structurantes du RAFAM, notamment leur « grande championnière » – figure emblématique de réussite – et les programmes de renforcement des capacités qui bénéficient à 30 associations membres, démontrant ainsi une dynamique collective robuste.

L’Engagement de l’État : Écoute et Promesses d’Action

Dans son allocution de circonstance, la Ministre Abena Ondoa a salué la « qualité de l’accueil et la mobilisation massive ». Elle a rendu un « vibrant hommage » à toutes les femmes de la Sanaga Maritime et du Littoral, déclarant avec force : « Ce sont ces femmes qui nourrissent le Cameroun ». Cette phrase, simple et puissante, a résumé l’essence même de la journée.

La MINPROFF a souligné le potentiel économique « marquant » des initiatives visitées (champignons, miel, escargots), y voyant des leviers crédibles pour l’autonomie financière des femmes, d’autant plus qu’elles s’appuient sur des formations ancrées dans les communautés.

Face aux doléances, elle a adopté une posture à la fois empathique et proactive : « Nous avons pris en compte leurs doléances, nous avons donné des orientations pour voir dans quelles mesures on pouvait y répondre. » Cet engagement à agir, en synergie avec d’autres départements ministériels comme celui des Transports, présent sur place, laisse entrevoir des solutions concrètes, notamment pour la réhabilitation des axes routiers, un point crucial relevé par les femmes.

Symboles et Passation : De Songmbengue à Édéa

La cérémonie a été jalonnée de gestes symboliques forts. Les femmes rurales ont reçu des dotations en matériels agricoles pour renforcer leurs capacités productives. En retour, elles ont offert à la ministre et à sa suite des présents locaux, un échange marquant la réciprocité des respects.

Un moment particulièrement solennel a été la remise des attributs traditionnels (pagnes et accessoires) à la MINPROFF par les autorités coutumières, geste d’intégration et de reconnaissance de son leadership.

En point d’orgue, il a été officiellement annoncé que la ville d’Édéa, précisément la commune d’Édéa 1er, aura l’honneur d’abriter l’édition 2026 de la JMFR, assurant ainsi la pérennité et la décentralisation de cet événement majeur.

Une Édition Fondatrice pour l’Action

La 30ème édition de la JMFR à Songmbengue a transcendé le simple cadre festif. Elle a été une plateforme de dialogue direct entre les actrices de premier plan du monde rural et les décideurs politiques. En centrant les débats sur l’urgence climatique et l’accès aux ressources, elle a posé les bases d’une réponse publique plus intégrée. Le chemin reste long, mais la volonté exprimée, les modèles économiques viables présentés et la reconnaissance solennelle du rôle indispensable des femmes rurales laissent entrevoir un avenir où celles qui nourrissent le Cameroun pourront enfin travailler dans des conditions dignes et équitables. Le rendez-vous est déjà pris à Édéa pour poursuivre ce nécessaire combat.

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